France : situation préoccupante pour les oiseaux
« L’union mondiale pour la conservation de la nature » ( UICN ) a publié sa première liste rouge des oiseaux menacés en France métropolitaine, et ceci au terme d’un travail de trois ans. L’état des lieux porte sur 568 espèces et confirme une situation très préoccupante : vingt six pour cent des oiseaux nicheurs, parmi ceux qui se reproduisent en France, sont considérés comme menacés. Au-delà de ce chiffre, déjà connu, ce travail met en lumière plus précisément les causes qui les menacent.
Principalement :
1) l’utilisation massive de pesticides, dans l’agriculture.
2) les extensions urbaines : « bien que la situation de nos voisins européens ne soit certainement pas très différente, il se passe quelque chose de singulier dans notre pays » affirme Florian Kirchner, membre du comité français. « Le pic cendré apparaît ainsi en forte régression sur tout le territoire, ainsi que le Bouvreuil pivoine, considéré autrefois comme une espèce commune ».
Par ailleurs ce travail, réalisé en collaboration avec le muséum national d’histoire naturelle et la ligue de protection des oiseaux, a porté aussi sur le sort des espèces migrant en France. Ces dernières étant plus difficiles à observer, les conclusions ne peuvent être aussi tranchées mais l’estimation conclue qu’ au moins quinze d’entre elles sont menacées de disparition.
Autres facteurs : la dégradation ou la disparition des zones humides et le changement climatique : les aires d’hivernage où les oiseaux viennent chercher nourriture et repos baissent en quantité et qualité.
« Cet état des lieux est important pour guider les politiques publiques, notamment lorsqu’il s’agit d’interdire la chasse ». Le travail réalisé permet globalement d’inciter la France à prendre tout de suite les mesures de protection. Pour établir que la survie d’une espèce est menacée l’ U I C N s’appuie sur cinq critères dont, principalement, les effectifs de l’espèce, son évolution dans le temps et les aires de répartition. Une liste des différentes situations existe, qui se fonde sur les niveaux de gravité existants. La situation la plus grave est désignée par l’appellation « en danger critique d’extinction ». Cette catégorie concerne aujourd’hui onze oiseaux, dont le célèbre vautour moine, même s’il fait l’objet d’un programme de réintroduction réussi dans les « Grands Causses » de Lozère, depuis les années1990. Vingt oiseaux sont classés « en danger » et quarante deux en catégorie vulnérables.
Toutes ces observations rejoignent celles réalisées à travers le programme de « suivi temporel des oiseaux communs » ( STOC ) piloté par le muséum national d’histoire naturelle. Plus d’un millier d’ornithologues bénévoles travaillent à ce réseau. Chaque volontaire assure la surveillance d’un carré de deux kilomètres sur deux et rend compte au printemps du nombre d’oiseaux qu’il a vus et entendus, ceci grâce à des méthodes très précises. Il est ainsi suivi plus de cent cinquante espèces d’oiseaux. En 2009 il était déjà constaté que dix pour cent des oiseaux nicheurs avaient disparu en France. Egalement constaté aussi un déplacement global des populations d’oiseaux de cent kilomètres vers le nord, du au changement climatique.
Le pire cependant n’est jamais certain et cela est attesté par certains programmes de protection de zones humides ayant permis d’inverser des situations même lorsqu’elles paraissaient désespérées.Reste encore comme recours la promesse par le Grenelle de l’environnement de mieux préserver les habitats les plus sensibles par l’élaboration de « la trame verte et bleue ».
Nous observons donc, au travers de ces constatations, que la situation générale des oiseaux ne peut s’améliorer d’elle-même étant donné le mode de société dans lequel nous vivons : agriculture intensive, non-respect de la diversité biologique, non-respect de la nature dans son état premier, instrumentalisation de cette dernière à des fins de rentabilité excessive. L’expérience et la logique ordonne donc la nécessité, pour tous les défenseurs de la nature, d’assumer au plus haut niveau leurs revendications et leurs exigences et de faire connaître leurs travaux pour les populariser et obtenir ainsi l’adhésion du grand public à leur cause. Cet effort sera toujours à l’ordre du jour pour contrecarrer les effets néfastes d'un " tout utilitaire " dont les visées marchandes ne prennent pas en compte les équilibres naturels dans lesquels il s'inscrit.
PEJE
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