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      GRAINES DE DISCORDES :

             Non à la privatisation des                  

                                                  semences                    

 

 

Il a fallu 3,5 milliards d’années d’interactions du vivant pour engendrer la diversité génétique.

Pendant longtemps, ce sont les paysans  qui ont écrit l’histoire des semences ; ceux-ci, innombrables, ont adapté leurs semences à leurs territoires et à leurs besoins ainsi qu’à ceux de l’humanité et c’est ce qui a donné cette fameuse réalité des terroirs que l’on sauvegarde tant bien que mal aujourd’hui en France ; ces centaines de générations ont-elles jamais réclamé ni reçu la moindre rémunération pour ce service rendu à la communauté humaine ? La sélection et la multiplication d’une partie de la récolte à la ferme sont le seul moyen à long terme , parce que  in vivo de pouvoir adapter les variétés à la diversité des terroirs et aux variations climatiques. C’est l’image d’un monde horizontal plutôt que vertical. Le fait que de plus en plus de gens de par le monde sont en réalité dépossédés de ces bases vitales par l’expropriation, la privatisation et le brevetage devrait continuer à nous inquiéter face à la déstabilisation climatique qui ne manque pas d’arriver. 

Progressivement, la sélection des variétés s’est échappée des mains des paysans et est devenue un secteur d’activités à part entière. Au tournant de la seconde guerre, la rupture fut définitivement consommée. En effet, au vu des nouvelles connaissances de la génétique, les variétés sélectionnées par des industriels, appelées hybrides de première génération, offrent des rendements supérieurs. En contrepartie, ressemer les graines de deuxième génération n’est pas souhaitable car les rendements sont inférieurs de par leur hybridation. C’est le début d’une dépendance fabriquée et presque totale aux « semenciers ». Ces variétés qui peuvent être vues comme des inventions sont brevetées et non reproductibles par les cultivateurs. Le terme d’invention prend une tournure tragique lorsque des grandes sociétés multinationales tentent de breveter des plantes paysannes sous prétexte que personne n’aurait réclamé son invention faute de connaître la molécule du principe actif de la plante.   

Le  28 novembre dernier, la Confédération paysanne a appelé à rejoindre le collectif « semons la diversité » devant l’Assemblée Nationale pour demander aux députés de rejeter la proposition de loi sur les certificats d’obtentions végétales ( CVO) qu’ils devaient examiner.

Pour une majorité d’espèces végétales comme les légumes, ce texte propose d’interdire aux paysans d’utiliser leurs semences issues de leurs récoltes. Comble, pour les 21 espèces pour lesquelles l’Europe autorise les semences de ferme comme le blé et les pommes de terre, ce texte contraint les paysans à payer des royalties ! Ceux-ci réclament que soit inscrite dans la loi la reconnaissance positive des droits des agriculteurs sur leurs semences.

L’objectif est de les obliger à acheter chaque année les semences privatisées par les Droits d’ Obtention Végétale de l’industrie semencière.

En favorisant la confiscation de toutes les semences, le vote de cette proposition de loi porterait atteinte à la sécurité alimentaire et menacerait la liberté de ressemer ses propres graines  plutôt que d’être contraint à les acheter. En outre, la souveraineté politique de la France deviendrait dépendante du bon vouloir d’entreprises qui, pour la plupart sont des multinationales.   

Le droit des paysans de ressemer et d’échanger leurs semences est le fondement même de leur liberté citoyenne, c’est aussi un facteur de biodiversité, il ne peut être remis en cause au profit d’intérêts privés. Ce projet de loi remet en cause des siècles d’émancipation paysanne construite sur la contestation du servage et va à l’encontre d’un bénéfice pour l’humanité. 

                                                                              Aurélie  Brévannes

 

 P.S : les semences de ferme sont des graines récoltées à partir de variétés sélectionnées par l’industrie semencière mais multipliées par l’agriculteur lui-même par souci d’économie et d’indépendance.

 

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