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CULTURE

 

 

       « A l' OUEST RIEN DE NOUVEAU !  » :

                                     are you kidding or what else ?

 

 Au terme de trois semaines (septembre 2013) passées dans toute la moitié ouest des Etats-Unis et 8000 kilomètres parcourus, je serais tenté de comparer ce voyage avec celui effectué un an plus tôt jusqu’aux rives de la Volga moyenne. Mais comparaison n’est pas raison et je m’en tiendrai donc aux impressions.

Dans l’Ouest américain, c’est heureusement et curieusement l’impression de puissance et d’extrême beauté des phénomènes naturels qui prédomine et qui vous prend aux tripes ; cette séduction perdure et se nourrit au fil des jours .Le charme est donc tenace. Par chance notre guide français (marié avec enfants) réside aux USA et au Canada depuis vingt ans : il connait donc bien son affaire .

Ca commence bien car l'arrivée attendue n'est pas tout à fait conforme... 

« L.A », Los Angeles en abrégé, qui comprend Beverley Hill et Hollywood, est construit, pour plus de sa moitié, sur un lac de pétrole. Si bien qu’il est hors de question de réaliser un métro souterrain ou d’enterrer quoique ce soit. Aussi (ajoutez – y l’activité tellurique générale dans toute la région) les lignes téléphoniques aériennes sont bien sûr admises dans tout paysage américain. Si vous achetez une villa en Californie, il vous faudra sans doute envisager de faire appel à ce corps de métier omniprésent, les entreprises de pompage d’hydrocarbures chez les particuliers. Il y va de votre « green » (impossible de vivre sans green) ou de la pression oléostatique qui va s’exercer sur votre cave, si elle existe. Avec des forêts de pompes dans le sud de L.A et dans toute la Californie, on réalise que le pétrole est ici une donnée économique majeure. Il en est de même sur les plages glamour de Santa Barbara, Malibu ou devant « Frisco », dont les horizons marins voient bouchonner d’innombrables plates formes off shore, celles qui précisément assurent la réserve stratégique nationale. (Vous me direz qu’il en de même devant Rio de Janeiro et Ipanéma; soit !)Il est temps de quitter cette ville frelatée de 150 kilomètres de longueur où le « melting pot » ne fonctionne plus, l’espagnol étant devenu la deuxième langue officielle.

Nous traversons le désert de Mojave : l’armée s’y entraîne, s’acclimate et s’y cache durant les trois mois qui précédent chaque campagne. Et je ne suis pas sûr d’avoir pu identifier un seul véhicule militaire.

Vous avez demandé: «et leur covoiturage sur autoroutes saturées ? » Voici la réponse américaine.

 

Tiens voici justement notre bus 35 places, qui sur la voie dédiée de l’extrême gauche de l’autoroute(« Cars pool lane » ; et rappel car ici c’est également priorité à droite) double en bolide tous ces petits conducteurs égoïstes et solitaires qui s’empilent sur les voies de droite : ça c’est le « car pooling» et c’est assez convainquant. Alors « enjoy ! », ça finira bien par franchir la « mare aux harengs ». Pour le reste si vous avez besoin d’un attelage triple, sait-on jamais, pas de problème : « Yes, we can . » Donc derrière votre camping car « king size », soit plus de quinze mètres d’appartement avec salle d’eau, vous accrocherez votre bateau et à celui-ci, votre petite voiture pour les virées « downtown ». Satisfaits ? © 

 Et surtout ne vous inquiétez plus pour les échangeurs monstres à six voies : ils trouvent dans les déserts et les badlands tout l’espace nécessaire. Il n’y a pas de « portiques écotaxés », mais des arrêts intermittents sur des postes de contrôle pour autocars et poids lourds.

L’ours, ce grand chapardeur bourru, s’intéresse à vous…

Comme en Russie, les ours sont partout chez eux et nous sommes invités à la prudence sur les sentiers profonds : donc les clochettes tintinnabulent sous votre sac; vous conservez sur vous un spray au poivre (sic ; mais alors pour le corps - à- corps …) et votre dentifrice a rejoint les sucreries au fond du-dit sac. Si rencontre, pas de présentations : le sac tombe au sol et vous partez en bel indifférent .L ’ours fera le ménage dans vos affaires. Diabétiques s’abstenir.

Notre guide raconte : un soir au camping du Yosemite (Sierra Nevada), les enfants de la tente voisine disséminaient leurs friandises .Le guide met en garde ces français fraîchement débarqués contre les risques de maraudes nocturnes –« Pensez-vous, c’est du folklore tout ça ! » fût la réponse .Durant la nuit l’agitation côté tente voisine réveille le guide. Coup d’oeil : une maman ours rode et s’active avec deux oursons. Alertés discrètement, tout le monde évacue. De la cabane des rangers, on observe alors : l’ourse a flairé le filon et glisse une griffe dans le caoutchouc du haut de la portière de la voiture. Traction: la porte se plie jusqu’à la serrure. Les oursons s’engouffrent, s’installent et se régalent. La mère trop grosse, piétine puis s’énerve sur le capot. Tiens, essayons pour voir là-dedans. Griffures et grincements …. Alors les rangers interviennent et tous les campeurs terminent la nuit dans le bus. Et voici la suite quinze jours plus tard à l’aéroport. Le guide accompagne un nouveau groupe et croise ces français – «- Alors ? -Ben …on a changé et repeint la portière ; puis poncé le capot … mais le loueur pas dupe, a déposé plainte pour tromperie et le tribunal du comté nous a infligé une lourde amende … Plus le reste, ça fait des vacances à 100.000dollars… » . It’s all folk !

Retour dans notre bus. Le chauffeur, Yarl, un robuste quadra d’origine norvégienne, abat seul des journées de 400 kilomètres, sans remplaçant et durant trois semaines d’affilées. Il est levé avant nous (6h30 !), nettoie bus et toilettes, charge et décharge nos bagages, même si deux ou trois plus jeunes d’entre-nous lui donnent un coup de main. Chez nous un job comme ça, qui en voudrait, à deux milles kilomètres (Phoenix, Arizona) de chez lui ?

Et Yarl y va de son récit que notre guide traduit (oui ; quand même...)-« Si vous pénétrez dans une forêt à ours il vous est possible de savoir si le risque est un ours brun ou noir, parfois accommodants, ou un monstrueux grizzli. Suffit de regarder au sol … les bouses ! Si la bouse est nette, bon allez-y. Par contre si dans la suivante vous remarquez les clochettes et le spray, alors réfléchissez bien ».

Dans des décors grandioses, la vie animale grouille au sein de Parcs Nationaux et prime sur les routes.

Une procession de buffalos (bisons) sur la route et hop !..les véhicules s’effacent sur les bas côtés. A Gardiner (P.C des Rangers de Yellowstone ) les elkes (wapitis ) le soir, déambulent sur les boulevards .Aux quatre coins de la place de Jackson Hole, station réputée de sports d’hiver (… c’est quand même pas Val d’Isère pour le « look » ) trônent des portiques de cornes entremêlées: « c’est quoi ce truc là , kitch ou plastique? »

Eh ! bien non, c’est l’utilisation des fagots de cornes que les elkes ont abandonnées à la mue et que les boys scouts ont collectées à l’entour des refuges. Autour de Devil’s Tower(Wyoming ),sur le grandiose monolithe de basalte dont on fait le tour en une heure, j’ai photographié les fameux aigles américains et à bout portant les écureuils, roux ici, et les chiens de prairie. C’est à cet endroit sacré que les natives accrochent leurs exvotos dans les pins et que fut tourné le film « Rencontre du troisième type».

 Dés Jackson(Wyoming) et la traversée de la chaine de Grand Teton (sic), c’est l’exaltante approche du parc phénoménal de Yellowstone- le motif sinon le but de mon voyage - qui prend possession de mon esprit. Perché à 2400 mètres d’altitude, sa caldera qui a la dimension de la Corse, consiste en un matelas de 600 mètres de calcaires fissurés ; et il repose sur le magma en fusion! Alors viennent à moi un pandémonium de geysers en transes -des milliers- des nuées de fumerolles, des bassins abyssaux et multicolores, le fracas des chutes d’eau dans le Grand Canyon de la Yellowstone River, de profondes forêts, des lacs peuplés de bernaches et de grasses prairies où paissent bisons, wapitis et antilopes. L’émotion atteint son climax sur le geyser Old Faithfull, le Vieux Fidèle, avant l’entrée en scène triomphal de ce « deus ex machina »; mais le spectacle de cette foule tendue puis libérée mérite aussi ce rendez-vous sulfureux. D’autres spectateurs plus discrets rodent encore dans les parages : ce sont les loups et les grizzlis, également parties prenantes dans ce bel ordonnancement. Et l’ordre règne, puisque par chance, les rangers sont bien là. La corporation des rangers dont la qualité de l’accueil et des services est remarquable, comporte une foule de catégories professionnelles qui va des secouristes aux ingénieurs toutes qualifications, des bucherons aux plombiers, des dompteurs aux pompiers parachutistes, des guides de haute montagne aux docteurs en droit de l’environnement. Ils ont leurs écoles, leurs crèches, leurs établissements sanitaires .Leur gestion intègre une forme de philosophie forestière qui risque parfois de contrarier les attentes esthétiques des visiteurs. Par exemples ces arbres morts laissés au sol, cette tolérance pour les éboulements et ces incendies récurrents laissés à leurs trajectoire: car les rangers ont justement découvert que certaines graines ne se libèrent qu’en cette occasion..

La puissance minérale et végétale du paysage nous envoûte et les artistes en tirent parti.

 

 

Le Grand Canyon (Arizona) c’est…400 kilomètres de gorges (oui, de gorges)dont la profondeur atteint 1600 mètres. A Bryce Canyon (Utah) ma rétine était en danger dans un amphithéâtre de 30 kilomètres qu’on peut prendre pour un immense magasin de porcelaines fines .Ses buffets d’aiguilles (« Hôodoos ») lumineuses déclinent toute la gamme des nuances carminées .Le guide prévient : « Regardez alternativement côté forêt pour ménager votre vision saturée … ». Et dans Arches (Utah), cherchez donc à identifier ces fourmis au fond de la grotte : oui, ce sont bien mes compagnons de voyage. Dans Monument Valley (Arizona ) notre mental était déjà façonné par les films et nous admettons même la fuite sur l’horizon de ce ruban d’asphalte parmi ces glorieux mastodontes couleur brique : « Alors , l’attaque de la diligence ,c’est encore possible ici ,s’il vous plait Mister John Ford ? » . Et les séquoias géants du Yosemite avouent 2.700 ans d’âge, un bon nombre étant contemporains des apôtres. De toute façons nous véhiculons ici tellement de phantasmes , que dans ce paysage ,la nature, bonne mère, s’ingénie à l’évidence à nous livrer chaque jour sa meilleur provende .Et ça marche . Au Mont Rushmore, dans les Black Hills (South Dakota ) nous avons atteint le centre des Etats -Unis à Belle Fourche . Plus tard ce sera Fort Laramie; et nous ne pouvons oublier tous ces français qui furent les premiers explorateurs européens de la « Grande Prairie ». Le Mont Rushmore est le territoire sacré des Sioux et les quatre sculptures géantes de présidents américains représentent une entreprise méprisante et humiliante pour ces natives . Marteaux piqueurs et explosifs n’arrachèrent à la falaise que ce qu’il fallait. Les nez mesurent vingt mètres de haut. Mais comment réussir ici ce qu’il y a de plus difficile en art : reproduire de fidèles physionomies sur une falaise ? S’inspirant de tableaux de maîtres ,masques funéraires ou sculptures réduites (J.M. Houdon par exemple ) l’artiste, puis son fils, réalisèrent des modèles à l’échelle 1 /12éme qu’ils projetèrent par visées homothétiques (« Pointing system ») .Et sur l’autre versant de la montagne la nation Sioux, Lakotas, Dakotas et Nakotas, entreprend actuellement comme une manière de « revenge » ,la sculpture de son chef historique, Sitting Bull, le vainqueur du lieutenant-colonel G. A .Custer à Little Big Horn.

Le plus long fleuve sauvage des Etats-Unis n’atteint plus l’océan

 

Sont en cause l’irrigation et l’agriculture intensive de la basse Californie qui représente la moitié de la production nationale et inclut ici le coton, les agrumes, etc… Ajoutez-y le chantage de producteurs pour obtenir une priorité dans la fourniture d’eau. Deuxième cause, la puissance politique de la mairesse de Las Vegas, une reine qui siège au royaume de l’argent facile des casinos, avec des programmes immobiliers pharaoniques, qui appellent à leur tour des greens et des golfs somptueux pour servir une mégapole érigée en plein désert. Mais les propriétaires des terrains arrosés par le fleuve ne devraient-ils pas êtres les premiers servis en toute légitimité? Pas du tout, ils sont évincés. Comment s’appellent-ils? Ce sont les « natives americans », les Indiens. Pourtant ils ne demandent pas grand-chose, un simple canal de dérivation pour ce besoin vital : boire l’eau du Colorado. Mais à cette heure, ils doivent se contenter de citernes cahotantes, celles que nous avons rencontrées sur les pistes poussiéreuses et qui nous ont permis ce frugal pique-nique chez les Navajos. De façon récurrente, des réunions tripartites réunissent ces intérêts antagonistes, mais elles n’aboutissent jamais.

 

Si vous manquez votre mariage à Las Vegas, (Nevada) vous pouvez réparer à Reno , la porte à côté…

Dans cette première ville, rien n’est plus agaçant que cette impossibilité de prendre un simple petit déjeuner sans avoir une « slot machine » sous le nez ! Chaque hôtel accueille plusieurs casinos ouverts jour et nuit et au milieu de ce cirque, bien visible, la chapelle pour les mariages. Et c’est non sans mal, pour sa fréquentation des bad boys russes ou américains, qu’on avait réussi à interdire à Franck Sinatra l’accès aux jeux de Las Vegas.

Autour de la ville, dans les stations service, faisant leur plein de carburant, les camionneurs trouvent également des machines à sous à disposition. « Il y en aura pour tout le monde », puisqu’on trouve même des mormons parmi les croupiers.

L’air conditionné est apprécié dans le bus comme dans les chambres ; malheureusement le thermostat est y gradué en degrés Fahrenheit. Que faire ? Malgré la fatigue il faut bien s’y mettre. Et retenez si vous pouvez ! Allons-y: enlevez 32, multipliez par 9 ; vous suivez ? Et divisez par 5. Ca va, il fait bon maintenant ?

Les inévitables s’appellent Buffalo Bill dont la tombe surveille Denver, Sitting Bull et Crazy Horse mais également

le passage au bar « One million dollars » de Jackson Hole (Wyoming) où vous y prendrez place en enjambant gaillardement une selle de cheval. Vous ne pourrez pas éviter la chaleureuse sympathie des américains pour l’étranger que vous êtes, européen de surcroît, de cette Europe qui leur apparait comme une macédoine de pays; rien non plus, ne vous empêchera de courir sur le talus pour assister au départ du « train à vapeur » du Grand Canyon, sa sirène de paquebot lançant des cris de dinosaure blessé qui parviendront à faire vibrer jusqu’à vos tréfonds. Après l’inévitable, voici l’irréparable dont nous, français sommes entièrement responsables : pour l’éternité minérale du territoire navajo dans Monument Valley, les natives nous appelleront les « Hou! Là , là… ».Et il paraît que c’est justifié. Et si un américain entend un accordéon, il dira aussitôt « Well, it’s just like in France! »

Mais comment peut-on être américains ?

 

Moyennant la traversée de l’océan des traditions européennes, nous pouvons tenter d’aborder les rivages de ce continent nouveau, celui de la mentalité de l’« Homo americanus ». L’accueil, voir l’affabilité, sont manifestes. Surtout pour nous français qui leur rappelons toujours le chaleureux souvenir de La Fayette. Ici le baiser sur la bouche s’appelle d’ailleurs le « french kiss ». Respect et prévenance : prenant une photo en travers d’une avenue de Salt Lake City, j’ai vu les voitures s’arrêter en pleine course avec des visages souriants…Dans la rue, on porte des brassards de couleurs variées, pour les boys au combat, telle maladie ou une cause nationale. Dans les magasins il n’y a pas de barrière à la sortie; et près de la caisse il y a une corbeille où vous laissez votre petite monnaie pour la commodité générale. Pour tarifer ce civisme modèle, j’ai retenu que déposer des ordures sur autoroute « vaut » 500 dollars, une belle recette en perspective chez nous…L’initiative, le mécénat ou l’esprit d’entreprise peuvent vous inciter à adopter tout simplement un tronçon d’autoroute. Après ça vous voulez encore parler d’écotaxe ? Lorsqu’une petite faim me prend à l’arrêt dans cette station service, des bénévoles et des pompiers me préparent un hot dog. En un mois, ils en ont vendu pour 12.000 dollars au bénéfice du prochain IRM (dernière génération) pour l’hôpital local des enfants. Initiative, mécénat : on est vraiment à des années- lumière de nos concepts étatiques.

 Alors dites-moi, la prochaine fois, la Californie serait française ou russe ?

Parce que la dernière fois la partie n’était pas jouée d’avance: dans le port mexicain de San Francisco relâchaient les navires de guerre français, russes …Mais il a suffi qu’un forcené venu de l’est, traverse les Rocheuses vers la Californie avec ses convois suivis d’immenses bétail et démarre une entreprise physiocratique pour que, dés 1847, l’entreprise soit avalisée par l’Union. Ce pionnier, J.A.Sutter, a fini ruiné, balayé par la ruée vers l’or, dépossédé par ces chercheurs arrivés dans le port comme matelots (1849) et aussitôt déserteurs, leurs capitaines étant de ce fait incapables de réappareiller. Aujourd’hui à « Frisco » on se déclare toujours « Fortyniners » et la ruée se dirige aussi bien vers les stades de football américain que vers Silicon Valley.

Evitons quand même les questions qui fâchent ou qui tracassent…Alors quelles sont-elles ?

Je tiens à mon «happy end» ; mais de l’aveu de notre guide, dans le pays le plus riche de la terre (Le PIB moyen par habitant est de 47.131 dollars par habitant) ce sont curieusement les questions matérielles qui se posent. La fiscalité américaine est aussi tracassière que la nôtre : impossible pour un contribuable moyen de faire sa déclaration sans un comptable. Et un ménage US démarre avec l’obligation de « provisionner » pour la demeure, la maladie(les honoraires absolument vertigineux suivent les compétences et la réputation), la maternité et plus encore pour l’éducation : « Je prie pour que mon enfant intègre une prestigieuse université et je prie exactement en sens inverse afin de pouvoir faire face au financement »! Au même moment, la réforme Obama affronte le lobby des assureurs.

Un tel voyage en bus est une conférence interactive permanente. Si le micro tombe en panne il faut changer le bus ! Ce micro politiquement correct n’a donc pas proféré d’invectives sur les subprimes, Lehman Brothers, pris position sur les gaz de schistes et de houille, Occupy Wall Steet et l’endettement à trente pour cent dans les mains des chinois et des japonais. Après tout notre leitmotiv n’était-il pas «Enjoy ! ». Et ni la neige précoce pour ce voyage qui flirte avec les 2000-3000 mètres dans Yellowstone ou la Sierra Nevada, ni le « shutdown » imminent, n’ont réussi à nous prendre en otages dans les parcs nationaux en grève. L’exception n’est pas toujours française.

La démographie ? Ah oui, zut !

Depuis notre concours d’entrée à Saint Cyr (1954) la Russie (« l’Empire éclaté » pour Hélène Carrère d’Encausse) a perdu 60 millions d’habitants ; les U.S.A. en ont gagné 120. De toute façon la Chine manufacture pour le monde entier et les grandes industries, notamment militaires, disparaissent. Ce qui était inconcevable hier, la France construit aujourd’hui quatre B.P.C. (bâtiments militaires de projection et de commandement) pour une Russie assise sur un pactole énergétique à l’instar des Pays du Golfe, eux aussi dépourvus de capacités industrielles. Au même moment, en ce qui concerne l’agriculture et l’élevage russes, je retiens que durant une semaine, je n’ai pas vu une seule vache dans le paysage estival entre Moscou et Volga; par contre les produits Danone sont sur toutes les tables. Et on peut dire sans exagération que l’économie US, et sa défense rétrécie, sont financées par le reste du monde.

Voici venir San Francisco capitale économique de la Californie dont la figure politique dominante est Nancy Pelosi , troisième personnalité dans l’ordre US de précession. Mais il est temps de penser au retour.

Chemin faisant nous avons bien profité des soirées western où des familles complètes s’organisaient pour nous recevoir, cuisiner, servir-desservir la table et glorieusement monter sur scène en exhibant stetsons et colts sur des rythmes endiablés. C’est le pays où les seniors travaillent jusqu’à pas d’âge. Et du côté réglementation voici venir un moment de forte surprise : alors que je commande une bière, un serveur n’hésite pas à me demander mon passeport et vérifier que je ne suis pas mineur aux E.U, donc que j’ai bien 21 ans! Ca c’est typique de l’Utah et des Mormons.

Le Golden Gate plonge ses fondations à 40 mètres sous l’eau et la section de ses câbles rivalise avec celle de nos barriques bordelaises. Mais pour nous c’est jour de gloire et d’inauguration car nous pénétrons dans la métropole par le nouveau Bay Bridge, soit trois fois la prouesse du Golden Gate. Frisco aime tout ce que New York déteste : le «dress code » se relâche et on ne connaît pas l’homophobie. On doit en effet aux chercheurs d’or l’invention du blue jean taillé dans une toile de bâche ; boutons et coutures ne résistant pas au travail sur les placers, à la limite on pouvait riveter le tout. Et l’homosexualité viendrait du fait qu’en 1849 on comptait 12 hommes pour 1 femme dans la ville. Ici on est écolo et hippie version beatnik. Quand à l’intégration réussie des asiatiques elle concerne 60% de la population ; et, dans l’enseignement secondaire, on compte seulement 10% d’élèves blancs.

Frisco est accrochée à de rudes collines et c’est là son charme. Bien entendu le prix de l’immobilier y grimpe d’autant et pour la première fois nous ne pouvons ouvrir deux valises dans la même pièce. Lorsqu’un « cable car » attaque les rampes de la ville, on remarque aussitôt ces grappes de passagers accrochés à l’extérieur comme des voltigeurs : ce n’est ni rodéo ni folklore, mais tient à ce que la machinerie (essentiellement d’énormes freins) occupent la plus grosse partie de la plateforme. La pente générale des rues est telle, qu’est passible d’une forte amende tout véhicule qui ne gare pas avec une roue accotée au trottoir et utiliser une poussette d’enfant relève de la morale olympique. Alcatraz, cet ilot désolé, trône de façon incongrue dans une baie splendide dont les forts courants d’eau et d’air évoquent invinciblement la puissance de l’Hudson dans la traversée newyorkaise de Battery Park à Ellis Island. Ces fortes conditions ne sauraient décourager l’America Cup (le team Orange des français est disqualifié pour ses ballasts), pas plus que la faune qui foisonne jusqu’au fond du port.

Au matin le guide semble s’inquiéter à tort pour notre sommeil ; mais c’est pour nous annoncer que durant cette nuit les sismographes proches de Berkeley, ceux qui centralisent les données telluriques mondiales, ont bien enregistré trois secousses pour nous. La faille de San Andreas ne fera pas cadeau du prochain « Big One » dont l’intensité dépassera assurément 8 sur une échelle qui n’est pas celle de Beaufort.

Cela ne nous coupe pas l’appétit et, revenu de mes a priori sur la cuisine US, je plébiscite les buffets géants et variés rencontrés partout et singulièrement le «clam chowder », une soupe crémeuse de palourdes ou praires locales. Miam! Et dans la ville, la dispute fait rage sur le meilleur établissement servant la recette. Je dois également jurer de ne jamais préparer du bison sur mon BBQ, abréviation US pour barbecue ; la cause ? Il manque de gras. C’est un pur athlète.

Parvenu au quai 39 (Pier 39) je dois me résoudre. Je fais donc mes adieux à mes derniers amis américains, des phoques et otaries de taille respectable qui se prélassent ou se battent pour une meilleure place au soleil californien afin d’exprimer, à grands coups de gueule, la joie de coloniser impunément les pontons d’une métropole résolument« écolomagnanime ». Mais après avoir noté le dimorphisme sexuel qui règle les ébats de ce sympathique échantillon de la population, je dois affiner mon jugement. Car, de fait, je me trouve être témoin d’un vigoureux comportement hétéro de résidents californiens. Pour le voyeur de l’Ouest américain c’est le moment de s’esquiver.

                                                                                                                                  PIERRE  BALLAUD

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