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MALUS  SIEVERSII :    l’ancêtre vivant de toutes les pommes cultivées

 

                                           MALUS  SIEVERSII :   

 

                 l’ancêtre  vivant de toutes les pommes cultivées

 

Nom : Malus sieversii

 

Famille : Rosacées

 

Espèce : sieversii

 

Naissance : plus de 65 millions d’années

 

Lieu de naissance : Les montagnes célestes du Tian shan au Kazakhstan , à la

frontière de la Chine

 

Pour comprendre l’histoire de Malus sieversii, il est nécessaire de savoir que jusqu’en1989, année de la chute du mur de Berlin, tous les travaux réalisés par des chercheurs soviétiques étaient inconnus du monde occidental.

On supposait alors que nos pommiers cultivés descendaient de pommiers sauvages disséminés dans la grande forêt de feuillus couvrant l’hémisphère nord. Mais lorsqu’ en 1989 le généticien Herb Aldwincle se rend au Kazakhstan, il découvre d’immenses forêts de pommiers sauvages ne présentant aucun élément de comparaison avec les arbres solitaires d’occident. Les fruits de ces pommiers sont d’une étonnante biodiversité, à la fois plus gros et plus sucrés.

Fort de cette découverte, il s’aperçoit que deux éminents chercheurs Nicolaï Vavilov et Aymak  Djangalief s’étaient penchés bien avant lui sur ce phénomène unique.

Dès 1929, le russe Vavilov affirme que le Tian shan est le centre de l’origine de la pomme, et Aymak Djangalief son disciple consacrera sa vie au recensement et à l’étude des pommiers Malus sieversii. Le fin mot de cette histoire sera apporté par le généticien Barrie Juniper en 2002. Grâce à des outils moléculaires, il démontre que Malus sieversii, la pomme du Kazakhstan, est à l’origine de toutes les pommes cultivées. Boostée par ces révélations, une équipe européenne fournira la preuve irréfutable de cette origine à l’aide du séquençage du génome complet de la pomme fin 2009.

En vérité cette forêt préhistorique de pommiers de plus de 65 millions d’années a bien été découverte en 1929 par le biologiste soviétique Nikolaï Vavilov dans la région d’Almaty, au pied du massif du Tian Shan proche de la frontière chinoise. On y trouve des millions de pommes sauvages : les Malus sieversii qui peuvent atteindre plus de trente mètres de haut etvivre plus de trois cents ans. Leurs pommes sauvages sont non seulement comestibles et savoureuses, aux couleurs et aux goûts variés, mais elles possèdent des résistances exceptionnelles aux maladies et aux parasites. Certaines pommes ont des saveurs de rose, de fraise, de banane,d’autres ont la chair totalement rouge.

Nikolaï Vavilov fut, le premier, à être convaincu d’avoir trouvé dans les pommiers du Kazakhstan l’origine même de toutes nos pommes. Partie de là, cette pomme voyage depuis plus de 10 000 ans avant notre ère, portée par les nomades puis par les caravanes de la route de la soie, au gré des guerres et des migrations de population. Elle traverse les civilisations de l’Antiquité, croise les Perses et les Grecs et arrive en Gaule par les Romains.

Fruit illustre de la Renaissance cette pomme atteindra les rives du nouveau monde à bord des caravelles des grands navigateurs.

Nos pommes actuelles descendent des arbres qui ont poussé voilà des millions d’années. Leurs gênes ont pu s’échapper de l’enveloppe dans laquelle ils étaient enfermés grâce aux ours, friands des pommes les plus grosses et les plus sucrées dont ils ont disséminé les pépins de leurs festins pendant des générations. Ces fruits seraient ainsi «des fossiles vivants», affirmait Aymak Djan- galief cité par la réalisatrice Catherine Peix qui a tourné avec lui un film sur ce fruit originel.  

« Pas un seul arbre ne ressemble à son voisin », affirme la réalisatrice qui précise également qu’il existerait plus de 6000 variétés, En plus de leur résistance naturelle aux maladies, ces pommes sont bien plus grosses et goûteuses que celles que nous avons l’habitude de manger.  

 

Les particularités de Malus sieversii

1 )- milieu naturel :

Les pommiers malus sieversii évoluent en bord de steppe et dans les piémonts jusqu’à 2400m

d’altitude. Ils sont soumis aux rigueurs de l’hiver -40° dans le nord et de l’été chaud  très au sud

+40°.

2 )-une sexualité intense assure sa biodiversité :

Le Malus sieversii a besoin d’un partenaire sexuel pour se reproduire. Chaque individu arbre est unique. Cette diversité se retrouve dans la forme et la taille des arbres mais aussi dans les fruits.

Un arbre aux pommes rouges pousse au voisinage d’un autre aux fruits verts, une autre grappe jaune se trouve à quelques mètres de mastodontes bigarrés. Avec les pommes sauvages du Kazakhstan se déploie une incroyable diversité de couleur, de taille et de goût.

3 )-une résistance hors-norme aux maladies :

Habituées à vivre à l’état sauvage depuis des millions d’années selon les principes de la sélection naturelle, les malus sieversii ont su développer des résistances aux maladies notamment celles qui frappent aujourd’hui nos vergers modernes tels la tavelle, l’oïdium et le redoutable feu bactérien. Ces pommiers sauvages sont donc une alternative aux pommes industrielles qui nécessitent plus de 36 traitements de pesticides pour être commercialisées.

Un patrimoine mondial en péril   

Politique de destruction initiée par l’URSS, ignorance, déforestation sauvage, urbanisation tout azimuth : 70% des forêts de pommiers sauvages ont déjà disparu. La vaste forêt primitive se réduit comme une peau de chagrin, emportant avec elle un patrimoine génétique inestimable dans l’indifférence générale. La prise de conscience se fait attendre. Avec la mort de Djangalief, ils ont perdu leur plus actif défenseur.           

                                                                                                                 Alain Vartes


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