Les phoques sont de retour en France
Vingt ans d’effort pour la protection de son habitat et de sa tranquillité ont permis à deux espèces de ces mammifères marins de réinvestir le littoral français. Le phoque gris plutôt localisé au large des côtes bretonnes et le phoque veau marin ou phoque commun en Haute-Normandie ou en Picardie.
La baie de Somme est un des meilleurs endroits pour les observer entre août et octobre où plus de quatre-vingt dix individus sédentaires s’y retrouvent pendant la période de reproduction et se mêlent à ceux de Dunkerque et de Calais.
Le phoque est un mammifère qui s’est adapté à la vie en milieu aquatique : un corps arrondi pour une surface minimale de contact avec l’eau, une épaisse couche de graisse sous la peau afin de limiter les pertes de chaleur, une fréquence cardiaque qui ralentit en plongée et un taux important de globules rouges qui lui permet de rester une quinzaine de minutes en immersion. Les phoques gris et communs se concentrent au nord de l’Europe et dans les Iles Britanniques. Les deux espèces avaient été décimées au XIXème siècle pour leur fourrure et leur graisse ; à ce jour, elles sont protégées depuis 1979 par la convention de Berne et depuis 1992 par la directive Habitats.
Le phoque commun côtoie plutôt les estuaires et apprécie les bancs de sable en baie de Somme en baie du Mont St Michel et en baie de Veys. Sa population européenne est estimée à 100 000 individus.
Le phoque gris préfère les zones rocheuses. Deux cents de ces phoques fréquentent les côtes bretonnes et s’y reproduisent. La plus importante colonie se situe sur l’archipel de Molène et sur l’archipel des Sept-Iles. Ce sont les îles britanniques avec plus de 100 000 individus qui ont permis cette « recolonisation ».
Grâce à des balises Argos fixées sur les animaux, les scientifiques ont découvert que les phoques gris dits sédentaires de l’archipel de Molène allaient régulièrement faire un tour du côté du pays de Galles ou des îles Anglo-normandes. C’est une donnée essentielle pour mettre en place des mesures de conservation efficaces.
Une autre espèce a vécu le long des côtes hexagonales : le phoque moine méditerranéen. On pouvait encore l’apercevoir en Corse au milieu du XXème siècle mais il a totalement disparu depuis. Il est en grave danger d’extinction et ne survit qu’en de rares endroits de la mer Méditerranée ( Grèce, Turquie) et au large des côtes d’Afrique du Nord-Ouest ( Mauritanie, Maroc).
Les phoques trouvent les aliments dont ils ont besoin dans l’eau qui les entoure en abondance. Ils se nourrissent essentiellement de poissons et apprécient aussi les calamars, les poulpes et les fruits de mer. Lorsque de grands chalutiers viennent pêcher dans les eaux de chasse des phoques, leurs sources de nourriture s’amenuisent de façon dramatique. Ils sont capables de s’immerger à de grandes profondeurs pour chasser leurs proies. Ils consomment de grandes quantités de nourriture qu’ils avalent tout rond bien qu’ils possèdent des dents effilées. Leur corps les aide à compenser le manque de nourriture dans les temps difficiles car la graisse de leur corps produit l’eau nécessaire à leur survie ; cependant la perte de graisse peut se révéler dangereuse pour eux, en effet celle-ci sert à réguler leur température corporelle.
Jane Bold