DU PARTICULIER A L’ UNIVERSEL.
-Quoi de plus appréciable qu’une société qui correspond dans son fonctionnement à ce que nous en attendons tous, qui a été fondée sur l’observation et le respect des tendances fondamentales qui nous animent et que nous chérissons : la liberté individuelle, la liberté de conscience, l’autodétermination et leur cortège de conséquences : la démocratie, la laïcité, le pluralisme ?
-Quoi de plus appréciable qu’une société qui se complaît dans l’observance des règles qu’elle s’est fixées, sachant que ces règles sont universelles, qu’elles sont l’aboutissement d’une maturation portant sur plusieurs siècles d’évolution et qu’elles conviennent à merveille à cette « machine » prodigieusement sophistiquée mais en même temps étonnamment simple qu’est l’esprit humain, la personne humaine dans ses besoins premiers ?
-Quoi de plus appréciable qu’une société dans laquelle on a plaisir à vivre parce que l’on se sait reconnu dans le cadre d’une légitimité législative qui correspond précisément à ce que nous sommes en tant que personne humaine avérée et potentielle dans ses caractéristiques spécifiques, communes à tous ?
-Quoi de plus appréciable qu’une société qui s’attache à perpétuer ses valeurs, à les pérenniser et donc à se survivre à elle-même sur la base d’une autoévaluation renouvelée qui conduit certes à de l’autosatisfaction mais surtout à la reconduction de l’appréciation positive de ses institutions ?
« La démocratie est le pire des systèmes mais on n’a pas encore trouvé mieux. » Winston Churchill
Il est admis que le pluralisme est une force et un apport majeur pour le groupe. La possibilité de coexistence et de cohabitation de plusieurs confessions, courants politiques, options culturelles conduit à établir qu’aucune des factions en présence ne peut dicter sa loi aux autres et par conséquent qu’aucune ne se voit reconnaître le statut de prééminente ou de supérieure. Aucune philosophie, aucun courant religieux ou pas ne peut se targuer d’être le meilleur du point de vue des institutions en vigueur car chacun d’entre eux n’existe que par l’écho approbateur qu’il recueille auprès de ses affidés. Nous nous trouvons placés là en terre de subjectivité, chaque homme donnant caution à tel ou tel système de pensée selon ses vues ou créant « ex abrupto » une synthèse personnalisée, un syncrétisme individuel appelé à se propager ou non. C’est là tout l’apport du siècle des lumières et de ses penseurs illustres, qui nous apprirent à distinguer « le particulier de l’universel. »
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je ferai l’impossible pour que vous puissiez le dire ! »
Voltaire
-Quoi de plus appréciable qu’une société qui alloue à chacun la reconnaissance de ce qu’il a choisi d’être dans la mesure où ce « chacun » respecte l’autre dans sa diversité au sein de la mosaïque des pensées différenciées ?
Il est admis que le pluralisme est une force et un apport majeur pour le groupe. Pourquoi ? Parce que, quoique nous choisissions d’être, nous ne sommes pas d’emblée universels et que l’universalité dont nous avons besoin se dégage de l’interdépendance des points de vue, convergents ou non mais en recoupement. Parce que la somme des courants, dans leur intentionnalité créative, amène à une stimulation constructive générale, à buts privés ou publics, mais qui profite à l’ensemble.
L’activité de chacun, dans le cadre des critères moraux qu’il se fixe, trouve son champ d’application dans la société et lui profite. Peu importe la manière dont nous sommes moraux pourvu que nous le soyons car c’est la condition à partir de laquelle nous sommes productifs dans le bon sens : voila le discours de la démocratie, discours pragmatique et de bon sens, discours de tolérance et d’efficacité, discours d’ouverture et de progrès, en bref, discours intelligent parce que discours s’appuyant sur l’observation et le respect.
Il est admis que le pluralisme est une force et un apport majeur pour le groupe. Pourquoi ? Parce que nous ne pouvons pas tous nous rallier à une même vision et que nous n’avons pas intérêt à le faire. Une pensée unique et unicisée aurait tôt fait de se transformer en système concentrationnaire ( centralisme bureaucratique ) proscrivant toute créativité originale ( la taxant de divergente et de subversive ), instituant par le fait une créativité dirigée et centralisée ayant pour conséquence l’élimination volontaire de tous critères « intempestifs » alors que nous savons que la liberté d’investigation est la base de l’innovation : se référer à toutes les dictatures, communistes ou pas que le monde a pu connaître et les désastres qu’elles occasionnèrent.
De toutes les façons le pluralisme est une réalité incontournable si l’on considère qu’il prend corps dans la différence inévitable qui ne peut manquer d’exister entre deux personnes quelles qu’elles soient :diversité. Il existera toujours une différence de ressenti, d’interprétation des faits, ou de conception, si minime soit-elle, entre au moins deux personnes même si elles semblent proches de prime abord. La société civile est forcément plurielle et ce pluralisme se traduit, doit se traduire par de la démocratie et de la laïcité. Laïcité : espace publique neutre. Les prérogatives et ambitions des différents courants qui se côtoient, s’équilibrent et se régulent en des lois promulguées pour n’en favoriser aucun.
La démocratie c’est la possibilité pour chacun d’intervenir à la hauteur de ses compétences et de ses intentions pour promouvoir des vues, des produits, des productions censées être bénéfiques à tous. C’est la possibilité pour chacun de se transcender, de transcender son appartenance pour accéder à plus d’efficience. Au dessus des clivages existe la nation, regroupement d’individus de toute origine et appelés au « vivre ensemble » pour le meilleur et jamais pour le pire. Sur la base de son particularisme le citoyen se trouve placé devant l’obligation de le transcender, c'est-à-dire de le conserver tout en lui adjoignant une part complémentaire, celle qui va le relier à la communauté nationale toute entière. Il va, ce faisant, élargir son champ de pensée et d’action pour se définir en vérité, individu « lambda » parmi d’autres, soumis à la nécessité, s’il le veut, de se rendre opérant et ceci le plus possible, pour son pays et pourquoi pas plus largement, pour le monde : ne pas se fixer de limites paraît être aujourd’hui un mot d’ordre de toute première urgence. ( cf : planète urgence ! ) Il va être appelé à se valoriser sur le terrain de l’universalité c'est-à-dire sur le terrain de la totalité, de la globalité, ce qui l’oblige à confronter la dynamique du groupe « nation » à celle du groupe « humanité » ; ce faisant, à son insu ou de plein gré, ( ou à l’insu de son plein gré ) il arpente le chemin de son « universalité », chemin d’objectivité et d’élargissement, chemin d’adhésion aux principes universels énoncés en la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, chemin d’adhésion à un humanisme que l’on pourrait qualifier de « total ».
Dans la mesure où il le souhaite, mais c’est là son intérêt le plus haut, et grâce à un système sociétal le lui permettant, un individu « lambda » ( un parmi d’autres avec les mêmes droits et les mêmes devoirs ) va pouvoir, à partir du fleurissement de sa personnalité au sein de son groupe d’appartenance, ( sa famille et sa famille culturelle ) continuer de progresser en direction de réalités humaines plus lointaines mais non moins réelles, pour se vouloir agissant sans limitation de dogmes ou de critères idéologiques rétrécissants, à l’échelle de perspectives intérieures démultipliées. On peut voir dans ce cheminement que l’on pourrait qualifier de normal,voire d’obligatoire, un appel à une vie plus haute, un appel de la vie à une adhésion plus ajustée, une extension de notre être, une accession à « l’être réel » et pourquoi pas à l’être suprême, une adéquation consentante de ce que nous sommes en tant que « parcelle » au tout qui nous englobe, une transmutation de notre état d’appartenant, une progression sans retenue vers plus de réalité et de liberté, un dépassement, un mûrissement, le passage « du particulier à l’universel ».
PATRICK JAKUBOWSKI
MULTIDIMENSIONNELS
Nos sociétés ont établi et admis la propension naturelle de chacun à être tout à la fois « particulier et universel ». Nous alternons notre inclination vers ces deux pôles tout en les cumulant. A certains moments nous voudrons être particuliers ou reconnus comme tels et à d’autres nous voudrons être universels car nous y voyons aussi notre intérêt. Il est surprenant de constater qu’une personne peut se placer successivement sur chacune de ces positions mais c’est là l’image que l’une s’imbrique dans l’autre et que nous sommes « multidimensionnels ».
En tant qu’être humain je suis unique et irremplaçable : la loi me l’accorde et je suis prêt à le faire valoir aussi souvent que c’est nécessaire. Mais en même temps je ne peux rien seul ce qui équivaut à dire que je ne suis rien seul et c’est pourquoi je me revendique de l’appartenance au groupe, y compris à celui le plus large pour ne pas prendre le risque de ne pas être reconnu au niveau de cette dimension là aussi.
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