ELEMENTS DE SPIRITUALITE
LE MATIN , L’APRES-MIDI , LE SOIR .
Le réveil au matin devrait être un moment agréable si ce n’est merveilleux. C’est le moment où nous reprenons contact avec la réalité. Nous émergeons des brumes, nous revenons au monde pour y tenir le ou les rôles que nous nous sommes fixés.
Le matin est très riche en portée symbolique ; il peut représenter la jeunesse ; c’est le moment de la vie où les choses s’offrent à nous dans leur plus pur éclat. Nous allons de découvertes en découvertes, avec l’envie de s’ouvrir au monde et de l’expérimenter. L’esprit reposé des fatigues de la veille veut de nouveau se lancer dans l’exercice de ses facultés. C’est le moment où nous sommes enclins à produire la meilleure énergie, sous-tendue par une motivation ressourcée. Le monde est toujours là, avec ses problématiques ; notre vie se représente, avec ses plaisirs et ses difficultés ; les mêmes tableaux reviennent, à clarifier ou à expliciter pour certains, à achever ou parachever pour d’autres.
Un certain besoin d’être et d’agir reprend ses droits, nous incitant à nous commettre en réalisations de toutes sortes, de celles que nous avons choisies bien sûr. Le matin c’est notre énergie mobilisée qui tend vers son apogée, guidée en cela par le besoin et l’envie. La jeunesse c’est l’ éveil, l’ouverture ; c’est le temps des questions et des constats, avec l’envie de participer, d’amener sa contribution à l’édifice sans cesse renouvelé des œuvres humaines, de celles qui nous motivent bien sûr . La jeunesse c’est étreindre ses capacités, ce qui signifie les découvrir, les tester et en faire le meilleur usage ce qui conduit à cette constatation : « je suis un individu potentiellement actif et je veux m’ impliquer ».
Cela conduit à vaincre son manque d’assurance, manque de confiance en soi et c’est une personnalité à consolider par les apports simultanés de l’expérience et de la réflexion.
Au zénith du soleil et sur la période qui suit, l’après-midi, les premiers coups de collier ont été donné, vigoureusement ou du moins avec détermination. La première énergie s’en trouve quelque peu émoussée mais toujours bien présente, restimulée par la coupure du déjeuner. Nous devrions être au grand soleil de l’activité, une acmé, le scintillement de la volonté portée à son degré d’ efficience le meilleur pour concrétiser, asseoir ce qui a été démarré le matin et qui reste à poursuivre.
Nous sommes sur la lancée, nous surfons sur une trajectoire tracée d’avance ou pas, et nous avons à alimenter en intensité le feu roulant de notre production. Dans l’effort consenti nous brûlons notre énergie avec conviction sachant qu’elle est là pour ça et qu’il ne sert à rien de l’économiser. Nous faisons feu de tout bois pour arriver à nos fins dans le plaisir d’agir selon un plan logique et qui a fait ses preuves. C’est le plaisir de cerner sa force et de lui donner libre cours tout en sachant qu’elle va vers son déclin lentement.
A l’âge mûr nous sommes censés nous connaître, être en possession de soi, pour avoir tester nos limites en des épreuves passées, diverses et variées. Notre personne et ses ressorts nous est plus connue pour avoir été mise à l’ épreuve en de multiples occasions, qui ont laissé leur empreinte. Pour l’expérience nous avons acquis la stature et le recul qui permettent de meilleures évaluations et une capacité plus grande à ajuster le tir, faire en sorte que les choses se coordonnent et s’harmonisent en toutes circonstances.
Le soir c’est l’heure de la détente, fin de l’effort, provisoirement ; l’essentiel a été donné, livré dans la journée ; et même s’il reste de la ressource, ce qui est souhaitable, elle n’est pas forcément utilisée. C’est le moment de l’arrêt, même provisoire, arrêt reconstitutif car le potentiel a été largement entamé et il faut savoir dire « stop » pour ne pas finir épuisé.
Au soir d’un temps révolu, il y a continuité. Il y a liberté pour agir à sa guise, fort de tout le passé, fort de tout ce temps dépensé en prestations diverses, pourvoyeuses de retombées, souvenirs et dividendes si possible. Pour vivre cette période il n’y a pas de méthode particulière, pas de plan préconçu. Ne vaut-il pas mieux que chacun évolue au gré de son ressenti, pour aller vers ce qui sera un chemin « personnalisé » tant matériel que spirituel ?
Il est clair que ce temps est considéré comme étant celui de l’accalmie après une existence consacrée au travail, bien que l’on puisse choisir de continuer à travailler, mais d’une manière différente. Les forces physiques n’ étant plus ce qu’elles étaient le « ralenti » est tout de même conseillé.
La vie, néanmoins, est toujours là pour inspirer à chacun l’attitude la meilleure selon ses vues, ouverture sur un « usufruit » agréable de ses jours, jouissance plénière et bien méritée.
PATRICK JAKUBOWSKI