Fabrication des biocarburants :
plusieurs générations
Les biocarburants sont des combustibles liquides d’origine agricole obtenus à partir de matières organiques végétales ou animales.
Ces biocarburants, dénommés de préférence « agrocarburants » du fait de leur origine agricole (et non pas biologique), ont été développés pour réduire la consommation mondiale de carburants d’origine fossile, sous la forme d’éthanol ( un alcool mélangé à l’essence SP95, SP98, SP95, E10, E85 ), ou de biodiesel dérivé de l’huile végétale. Il s’agit là de carburants dits de 1ère génération.
En France, la betterave et le blé sont utilisés pour la production du « bioéthanol », au Brésil on utilise la canne à sucre et le maïs aux Etats-Unis. L’éthanol pur est mélangé dans la proportion de 5% le plus généralement, dans nos contrées.
Les biocarburants issus de plantes oléagineuses comme le colza, le tournesol, l’arachide la palme ou le soja produisent de l’huile pour le diesel.
Le développement des biocarburants pose la question du changement d’affectation des sols : au Brésil, la déforestation des forêts tropicales provoque d’importantes émissions de gaz à effets de serre. La monoculture qui en résulte et l’utilisation de pesticides réduisent la diversité des plantes, appauvrissent la biodiversité et facilitent l’érosion des sols. L’utilisation excessive de l’eau pour l’irrigation ou la simple culture de ces plantes pose le problème de la raréfaction de cette ressource naturelle et limitée sur toute la planète.
Les biocarburants dits de 1ère génération sont produits actuellement à l’échelle industrielle ; toutefois, ils ne peuvent être exploités en quantité illimitée car ils entrent en concurrence avec les produits alimentaires. La forte inflation de la demande de produits biocarburants contribue directement à l’augmentation du prix des denrées alimentaires. Dans les pays du Sud, la hausse des prix alimentaires a pour effet un appauvrissement des populations et un risque de famine.
La recherche s’est donc orientée vers de nouvelles matières premières dites de 2ème génération.
Ces biocarburants de 2ème génération sont fabriqués à partir de végétaux non alimentaires, c’est-à-dire de la biomasse : déchets agricoles, résidus forestiers, pailles diverses, cellulose…
L’utilisation de culture non alimentaire est un premier avantage. Deux plantes à haut rendement ont retenu l’attention des exploitants, il s’agit du « miscantus » et du « switchgrass » qui s’adaptent à des sols moins fertiles, plus secs et qui nécessitent moins d’engrais, moins d’eau.
Les procédés de fabrication sont encore à l’étude, la mise en production industrielle est envisagée à l’horizon 2015-2020.
Les végétaux non alimentaires ou biomasse font partie intégrante des énergies renouvelables et participent au développement durable de la planète. Pour l’exemple, citons le chauffage du Quartier des Bassins à flot de Bordeaux qui sera alimenté par trois sources d’énergies vertes :
- le bois énergie ( biomasse constituée par le bois ), - la récupération des calories des eaux traitées de la station d’épuration - la géothermie de surface puisée dans la Garonne. Ce réseau alimentera en chauffage et en eau chaude sanitaire deux autres quartiers Bacalan et les Chartrons, soit 5000 logements bureaux et commerces. Mis en service cet automne, ce projet s’inscrit dans le Plan Climat Energie gouvernemental en limitant au maximum les émissions de gaz à effet de serre.
Pour la régénération des forêts, des associations soutenues par le WWF sont engagées dans la reforestation par la création de pépinières où sont employées les communautés locales. Elles encouragent le commerce équitable à partir de produits issus de la forêt tropicale. La reforestation permet la préservation de l’eau douce, la préservation de la faune et de la flore endémiques.
Une 3ème génération de biocarburants fabriqués à partir d’algues est également envisagée. Il y a encore beaucoup de défis techniques et économiques à relever avant que ces biocarburants n’alimentent un jour nos réservoirs. J.B