Aquaculture ou pêche ?
L’aquaculture concerne l’élevage et la récolte de poissons, de mollusques et de plantes aquatiques. La pisciculture en particulier, a connu ces trente dernières années une formidable expansion. C’est une solution novatrice aux changements qui bouleversent les pêches à l’échelle planétaire et qui supplante la pêche traditionnelle. Le déclin des stocks sauvages et la demande croissante de protéines favorisent l’essor du secteur aquacole dans le monde. Le saumon, la truite, les crevettes et la daurade d’élevage ont envahi nos étalages.
Mais scientifiques et écologistes dénoncent les effets pervers de cet élevage sur l’environnement pour plusieurs motifs :
L’ensemble des élevages se trouve être constitué d’espèces carnivores (bar, truite, saumon), nourries avec des farines de …poissons sauvages ! il faut 4 à 6 kg d’anchois pour produire 1kg de saumon d’élevage ; une aberration tout de même car les quantités prélevées dans les océans sont colossales. Il en découle un déséquilibre de la chaîne alimentaire et l’on voit des oiseaux, des phoques et des poissons disparaître, faute de nourriture.
En outre, les rejets d’une ferme piscicole moyenne sont équivalents à ceux d’une ville moyenne. Les pisciculteurs sont donc accusés de pollution en raison des excréments de poisson qui s’accumulent sous les cages et recouvrent les fonds marins, puis se dispersent au gré des courants et des intempéries.
La densité qui peut atteindre 50 kg de poisson par mètre cube favorise la propagation des maladies et incite les éleveurs à traiter les poissons aux antibiotiques, antifongiques et autres produits toxiques pollueurs des océans.
Les défenseurs de l’environnement, à l’instar de Greenpeace, prônent des mesures radicales : « il faudrait obliger les aquaculteurs à élever les poissons à terre, dans des aquariums confinés, où les déchets et les médicaments ne pourront pas contaminer l’eau des côtes et des rivières » .
Ou alors, en laissant l’utopie de coté, pratiquons un élevage « durable ». C’est le cas en baie de Cannes, où des bars et des daurades sont élevés sous contrôle de cahiers de charges de la filière bio et, grand luxe de précaution, dans des filets flottants, sans antibiotiques notamment, en s’astreignant à maintenir une faible densité de spécimens.
Ce type de culture est bien minoritaire voire exceptionnel, face aux élevages pratiqués ailleurs dans le monde ; les élevages low-cost pratiqués dans les pays du tiers-monde fournissent 70% du marché mondial. La pression démographique est de plus en plus forte, il est donc déjà question de doubler la production mondiale dans les temps à venir pour parer à l’augmentation de la population.
Paul Bée
notes :
Emmanuel Buovolo (Greenpeace)
Futura-environnement