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 BRESIL : la filière " bio " se démène pour rester propre et attractive.

ECOLOGIE 

 

          BRESIL

     la filière « bio » se démène pour rester propre

                                                                    et active .

    Au Brésil l’agriculture bio réunit les consommateurs et les agriculteurs dans un même engouement mais les pesticides et le manque de main-d’œuvre menacent son devenir, explique le journal « Revista do Brazil  ».

          Quelques éléments : l’agriculture familiale au Brésil est un secteur très important : elle emploie plus des trois quarts de la main-d’œuvre agricole mais la priorité du pays reste l’agriculture intensive. Celle-ci, basée sur la mécanisation, la déforestation, l’utilisation croissante de pesticides ( le Brésil en est le premier utilisateur au monde ) est aussi grande consommatrice d’eau. Elle s’avère dévastatrice pour l’environnement et entraîne une éviction continue des petites exploitations. Ce pays a misé sur de la monoculture industrielle telle que soja, canne à sucre, eucalyptus etc.....aux fins de promouvoir les cultures transgéniques et les agro carburants. Autre nuisance de taille : cette stratégie est permise par une répartition des terres très inégale ; plus de la moitié des quatre cent vingt millions d’hectares de surface rurale comptabilisées en 2008 soit 57 % , appartient à 3,5 % des propriétaires.

           Sur ses terres Alberto Jose Fritzen cultive du manioc, du maïs, du riz, des pommes de terre, du chou, des oignons, de l’ail, des haricots... « Je n’ai jamais utilisé de pesticides, c’est mieux pour ma santé et pour la nature » . Cela fait trente deux ans que cet agriculteur vit à Capanema, une ville de dix huit mille habitants située à l’extrême ouest de l’état du Parana, à vingt kilomètres de l’Argentine. Il fut parmi les premiers qui s’engagèrent pour leur qualité de vie et celle de leur clients. Rejetant farouchement les pesticides pour les dégâts qu’ils occasionnent ces producteurs sont revenus à des modes de culture plus traditionnels. Par la création en deux mille de la « Gebana Brasil », un réseau de commerce équitable dont le siège est en Suisse, ils ont trouvé des débouchés pérennes. La Gebana garantit aux agriculteurs brésiliens un prix juste pour leur productions dans le cadre du commerce équitable. Capanema est ainsi devenue le plus gros centre d’agriculture biologique du pays avec pas moins de deux cent cinquante exploitations familiales oeuvrant au plan social et environnemental. Les hangars de la Gebana sont en activité permanente : les machines s’activent à conditionner le soja dans des sacs qui seront acheminés jusqu’au port de Paranagua avant d’être expédiés en Europe. Dans un autre local il y a fabrication de farine bio à partir du blé, destinée aux boulangers et restaurants. Non loin de là un autre agriculteur, Pedro Rama, vit tranquillement sur ses terres sans pesticides avec sa famille. « On est pas riche mais ça permet de vivre correctement » affirme-t-il. Il possède cinquante trois hectares mais la surface cultivée est peu importante afin de garantir une meilleure préservation des sols : entre quatre et six hectares de soja, maïs et haricots, et de quoi nourrir la famille. Le tableau est idyllique sauf que le voisinage peut poser problème.

           L’arrivée de nouveaux voisins, adeptes des pesticides, inquiète la famille Rama. Ils n’ont pas oublié qu’ en 2010 les agriculteurs bio de  Capanema avaient failli tout perdre : une grande partie de leur production affichait une concentration en toxiques plus élevée que celle tolérée par l’union européenne. « Nous avons dû examiner chaque lot pour comprendre ce qui s’était passé, en faisant appel à une entreprise allemande spécialisée dans la traçabilité des produits. Ils ont trouvé le responsable : l’Endosulfan », nous relate César Colussi, sociétaire de la Gebana. L’Endosulfan est un insecticide hautement toxique interdit dans une soixantaine de pays. Son utilisation provoque des dégâts sur le système neurologique et immunitaire ainsi que des troubles de la reproduction.

          En 2010 déjà une commission gouvernementale brésilienne avait considéré ce produit comme extrêmement toxique. Mais ce n’est que récemment que son importation au Brésil en a été interdite. Cette année le niveau de contamination dû aux pesticides a considérablement baissé dans la plupart des exploitations bio mais certaines restent encore à la traîne. La Gebana do Brasil réalise aussi une analyse des  productions pour détecter d’éventuels produits O G M pouvant provenir de champs voisins.

         Le casse-tête des pesticides répandus sur la parcelle d’à côté n’est pas l’unique problème des agriculteurs  de Capanema. Deoclides Peraro, soixante et un ans, possède douze hectares situés au bord de l’Iguaçu, ce qui lui garantit une belle vue et de l’eau en abondance pour ses cultures. Le problème est qu’il est seul avec sa femme pour s’occuper de ses huit hectares à cultiver. « C’est de plus en plus dur d’avoir de la main d’œuvre. Cette année je devrais encore y arriver mais l’an prochain, faute de bras, je ne sais pas si je pourrai continuer dans le bio ».

         Stimulés par le développement du pays les enfants des agriculteurs quittent les exploitations familiales. Ne restent plus alors à Capanema que les plus anciens qui n’ont plus l’énergie suffisante pour supporter un mode de production aussi exigeant. Paradoxalement l’agriculture familiale est rentable parce qu’il existe un nombre accru de consommateurs qui souhaite acheter ses produits ; une suite favorable devrait donc apparaître si l’on veut croire qu’une logique d’efficacité l’emporte toujours sur le découragement.

                                                                            Joao Peres ,

                                                                  Revista do Brasil , Sao Paulo


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