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Bhoutan  bonheur

 

                                                   Bhoutan  bonheur

 

 Au nord de ce petit pays coincé entre Inde et Chine, deux grands voisins protecteurs et inquiétants à la fois, les neiges éternelles des sommets himalayens ; au sud et à l’est du pays, de nombreux villages éparpillés le long des multiples cours d’eau qui composent le Brahmapoutre : voilà de quoi occuper presque essentiellement les 700 000 habitants de ce pays. En effet, l’agriculture emploie 80 à 90% de la population et pèse pour près de 20% du PIB. D’ailleurs, ce petit royaume, connu pour sa quête du « bonheur national brut » ou  « BNB », voudrait devenir le premier pays au monde à vivre d’une agriculture 100% biologique.

Son objectif est de supprimer le peu de produits chimiques déjà utilisés à ce jour, pour que les aliments de base ( pomme de terre, blé, fruits ) en soient exempts. Le pays n’a que 3% de terres cultivées et la majorité des paysans utilisent déjà les techniques pratiquées en biologie en raison de leur faible pouvoir d’achat et de leur isolement géographique.

Le marché de l’alimentation bio et ses prix plus attractifs attirent les petits pays qui ne sont pas compétitifs en quantité mais peuvent l’être en qualité, ce qui est le cas même du Bhoutan.

Le Bhoutan approvisionne déjà le Japon en champignons rares, fournit en légumes les hôtels thaïlandais, l’Inde en pommes et les Etats-Unis en riz rouge. En évitant fertilisants et autres produits phytosanitaires, le pays veut réduire sa facture d’importation afin de ne pas épuiser sa réserve de devises.   

Le relief montagneux a permis de développer des projets hydroélectriques financés par des fonds indiens. La production d’électricité et d’acier, de même que l’industrie du bois, l’agriculture, les ateliers artisanaux et le tourisme haut de gamme participent à un taux de croissance de 8% ! En effet, le Bhoutan s’est ouvert au tourisme en 1974. L’activité du tourisme fournit un cinquième des ressources du pays. Il y a un seul aéroport situé à Paro, deux autres projets sont en cours de réalisation pour désenclaver les régions du nord et de l’est. Les routes sont rares et il n’y a aucun pont ni tunnel ! Le prix des séjours est élevé, les touristes s’acquittent d’une taxe journalière de 250 dollars : cette taxe comprend le gîte, le couvert, un guide et une voiture.   

 Le Bhoutan, grand comme la Suisse, se sort plutôt bien de la crise financière mondiale, peut-être même en raison de sa faible superficie et de sa faible population aisément gérables. Le bouddhisme, religion d’état pratiquée par 75% de la population, recommande de vivre en harmonie avec la nature.  Cette philosophie prônant à la fois un développement économique et moral a hissé le BNB au rang de statistique officielle et par là même, le petit royaume bouddhiste himalayen est convaincu d’avoir trouvé l’antidote à la crise financière mondiale : accumuler du BNB plutôt que du P(roduit) N(ational) B(rut).  

On peut alléguer que le BNB ou « Bonheur national brut » ressemble surtout à une idéologie nationaliste véhiculée par le régime monarchiste, fondée sur la quête d’une croissance économique responsable et respectueuse de l’environnement mais aussi sur la défense d’une forte identité culturelle. Dans les années 80, le Bhoutan a introduit une série de lois ethno-nationalistes visant à préserver son identité majoritairement bouddhiste. La nouvelle loi sur la citoyenneté a abouti à l’expulsion de milliers de membres d’une minorité d’origine népalaise et indoue. Officiellement, la législation ne concernait que les clandestins et ceux qui s’étaient installés après 1958. Mais les réfugiés affirment avoir été victimes d’un ratissage ethnique barbare.

 Le fait est que des milliers de familles expulsées, privées de leurs terre et de tous leurs biens se retrouvent entassés dans des camps de réfugiés aux frontières dans des conditions déplorables. Les Etats-Unis seraient prêts à accepter 60 000 réfugiés sur cinq ans, le Canada, 15 000 sur trois ans de même que l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Mais le gouvernement du Népal privilégie la solution du rapatriement au Bhoutan bloquant ainsi tout espoir de négociation fructueuse et les plus jeunes qui n’ont pas souvenir du pays natal sont les plus virulents à réclamer ce retour au Bhoutan.

Malheureusement, l’espoir de voir le Bhoutan changer de position après seize ans de blocage semble nul.                                                                                           

                                                                                                                                     Paul Bée

 

 


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