MediAscendances...
Newsletter | Abonnement
Se connecter | Nos objectifs

Simone de Beauvoir

AUTEURS

                                        SIMONE   DE   BEAUVOIR

 

                          « On ne naît pas femme : on le devient. »

 

Simone Lucie Ernestine Marie Bertrand de Beauvoir naît à Paris le 9 janvier 1908.

Romancière, essayiste, philosophe, elle a marqué le vingtième siècle par son combat pour la condition des femmes. Son père est avocat, comédien amateur ; pour lui le plus beau métier est celui d’écrivain. Sa mère, Françoise Brasseur est issue de la bourgeoisie de Verdun ; c’est une fervente catholique. Elle a une sœur cadette, Hélène ; ( dite Poupette ) . Elle reçoit une éducation bourgeoise et religieuse. Adolescente, elle se convainc peu à peu que sa vie « conduira quelque part  » et qu’à la différence de sa mère elle ne sera pas vouée à un « destin de ménagère ». Elle se détachera très jeune de sa mère et du reste de sa famille pour suivre une existence totalement anti-conformiste.

Après des années de piété ardente elle perd la foi. Elle étudie la philosophie à la Sorbonne puis elle prépare l’agrégation pour pouvoir enseigner. « En décidant de préparer le concours je m’étais mise en marche vers l’avenir. Toutes mes journées avaient désormais un sens : elle m’acheminaient vers une libération définitive. »

C’est là qu’elle rencontre Jean Paul Sartre : ils préparent ensemble l’agrégation de philosophie. Il sera son ami, son amant, son mentor. Ils partageront leurs réflexions, leurs conceptions du monde et leurs sentiments mais se refuseront toujours à vivre sous le même toit. Sartre la considère comme son « amour nécessaire », en opposition aux «  amours contingentes » qu’ils rencontreront tout au long de leur vie.

         En 1931 elle est nommée professeur dans un lycée de Marseille. « J’eus le coup de foudre ; je grimpai dans toutes ses rocailles, je rodai dans toutes ses ruelles, je respirai le goudron et les oursins du Vieux port, je me mêlai aux foules de la Canebière. » Sartre, lui , a un poste au Havre ; il propose à Simone de l’épouser pour leur permettre d’obtenir un poste dans la même ville. Elle refuse comme elle refuse l’idée de la maternité.

         En 1932 elle est nommée à Rouen, ce qui la rapproche de Sartre. Elle fait la connaissance de Colette Audry, enseignante dans le même lycée, militante trotskyste qui s’intéresse à la psychanalyse. Elle devient l’amie de certaines de ses élèves, Olga Kosakiewitcz et Bianca Lamblin. Elle se lie également avec un élève de Sartre, le «  petit Bost », futur mari d’Olga qui devient entre-temps la maîtresse de Sartre. A l’automne 36, Beauvoir est nommée au lycée Molière à Paris tandis que Sartre est nommé l’année suivante au lycée Pasteur. Ils occupent chacun une chambre à l’hôtel Mistral dans le 14ème arrondissement. « J’avais un divan, des rayonnages et un bureau très commode pour travailler…. Sartre  habitait à l’étage au dessus. Nous avions ainsi tous les avantages d’une vie commune et aucun de ses inconvénients. »

        Beauvoir voit son premier roman « Primauté du spirituel » écrit entre 35 et 37, refusé par Gallimard et Grasset. Il paraîtra en1979 sous le titre « Quand prime le spirituel » puis « Anne ou quand prime le spirituel ».

      « En 1939 mon existence a basculé d’une manière radicale : l’histoire m’a saisie pour ne plus me lâcher ;d’autre part je m’engageai à fond et à jamais dans la littérature. »

        Sartre est mobilisé puis fait prisonnier en juin 1940. Il sera libéré en mars. Beauvoir et Sartre prennent l’habitude de travailler ensemble au café de Flore. « Les écrivains de notre bord avaient tacitement adopté certaines règles. On ne devait pas écrire dans les journaux et les revues de la zone occupée, ni parler à Radio-Paris ; on pouvait travailler dans la presse de la zone libre et à Radio-Vichy : tout dépendait du sens des articles et des émissions. »

        En 1943 elle connaît un premier succès littéraire grâce à un roman « l’invitée » dans lequel elle met en scène la relation triangulaire qu’elle, Olga K. et Sartre entretiennent. A la même époque l’éducation nationale la suspend pour détournement de mineure. En 1945 elle fonde avec Sartre, Raymond Aron, Michel Leiris, Maurice Merleau-Ponty et quelques intellectuels de gauche, un journal, « les Temps modernes.» C’est une revue d’actualité traitant à la fois de culture et de politique. Elle continue aussi son œuvre personnelle. Après plusieurs romans et essais où elle parle de son engagement pour le communisme, l’athéisme et l’ existentialisme, elle acquiert son indépendance financière et se consacre seulement au métier d’écrivaine. Elle voyage beaucoup : Etats-Unis , Chine, Russie , Cuba… « La luxuriance américaine me bouleversa : les rues, les vitrines, les voitures, les chevelures et les fourrures, les bars, les drugstores, le ruissellement du néon, les distances dévorées en avion, en train, en auto, en greyhound, la changeante splendeur des paysages, des neiges du Niagara aux déserts enflammés de l’Arizona. » A Chicago elle rencontre l’écrivain Nelson Algren avec qui elle engage une relation passionnée. «  Il possédait ce don, rare entre tous, que j’appellerai la bonté si ce mot n’avait pas été si malmené.»

       Elle fait la connaissance de Fidel Castro, Che Guevara , Mao Tse Toung , Richard Wright.

En 1949 elle publie «  le deuxième sexe ». Le livre se vend à plus de vingt mille exemplaires dés la première semaine. C’est la consécration. Elle devient la figure de proue du féminisme en décriant une société qui maintient la femme dans une situation d’infériorité. Son analyse de la condition féminine à travers les mythes, les civilisations, les religions, l’anatomie et les traditions fait scandale. Le 06 décembre 1954 le prix Goncourt est attribué à Simone de Beauvoir pour « les mandarins ». Le roman met en scène un groupe d’intellectuels parisiens qui confrontent leurs réflexions sur une société affectée par la seconde guerre mondiale et la guerre froide.

       En 1958 paraît le premier volume autobiographique d’une trilogie « Mémoires d’une jeune fille rangée ». Il sera suivi de «  la Force de l’age » et de « la Force des choses ».

       Dans ce premier ouvrage, elle décrit son milieu bourgeois rempli de préjugés et de traditions avilissantes. Elle explique de quelle manière elle s’est échappée du chemin que l’on avait déjà tracé pour elle. Elle parle de son émancipation, de sa lutte pour acquérir une liberté totale au niveau sentimental, social et intellectuel.

       En 1964 elle publie « une mort très douce » qui retrace la mort de sa mère. Le thème de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie y sont évoqués à travers des lignes très émouvantes. Elle est soutenue dans cette épreuve par une jeune étudiante en philosophie, Sylvie Le Bon, qui deviendra sa fille adoptive et héritière de son œuvre littéraire et de l’ensemble de ses biens.

       Après la mort de Sartre en 1980 elle publie «  la cérémonie des adieux » où elle décrit les dix dernières années de son  compagnon. Puis en 1983  paraissent « Lettres au Castor » qui rassemblent une partie de l’abondante correspondance qu’elle reçut de lui. Jusqu’à sa mort elle a collaboré activement à la revue « les Temps modernes ».

       Elle a contribué avec Gisèle Halimi et Elisabeth Badinter à obtenir la reconnaissance des tortures infligées aux femmes lors de la guerre d’Algérie, et le droit à l’avortement. Elle est à l’origine du manifeste des 343.

       Avec Gisèle Halimi elle a cofondé le mouvement « Choisir » qui a eu un rôle déterminant dans la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse.

       Elle meurt à Paris le 14 avril 1986.

Ses funérailles furent aussi grandioses  que celles de Sartre et elle est enterrée au cimetière du Montparnasse avec son compagnon.

                                                                                                  ISABELLE  LYSSON

 

          Quelques citations de Simone de Beauvoir :

 

        « Sans échec pas de morale. »

        « Les femmes se forgent à elles-mêmes les chaînes dont l’homme ne souhaite pas les charger. »

        « Le propre de toute morale est de considérer la vie humaine comme une partie que l’on peut gagner ou perdre et d’enseigner à l’homme le moyen de gagner. »

        « C’est dans la connaissance des conditions authentiques de notre vie qu’il nous faut puiser la force de vivre et des raisons d’agir. »

        « Si l’œuvre de Dieu est toute entière bonne, c’est qu’elle est toute entière utile au salut de l’homme ; elle n’est donc pas en soi une fin, mais un moyen qui tire sa justification de l’usage que nous en faisons. »

        « La femme n’est victime d’aucune mystérieuse facilité : il ne faut pas conclure que ses ovaires la condamnent à vivre éternellement à genoux. »

        « Entre deux individus l’harmonie n’est jamais donnée, elle doit indéfiniment se conquérir. »

        « L’homme sérieux est dangereux ; il est naturel qu’il se fasse tyran. »

        « On n’existe pas sans faire. »

        « C’est au sein du transitoire que l’homme s’accomplit ou jamais. »

        « L’humanité préfère à la vie des raisons de vivre. »

        « Elle ne cherchait pas le plaisir d’autrui ; elle s’enchantait égoïstement du plaisir de faire      plaisir. »

        « Le bonheur : comme une raison que la vie se donne à elle-même. »

        « Si je prétendais assumer à l’infini les conséquences de mes actes, je ne pourrai plus rien vouloir. »

        « L’humanité est une suite discontinue d’hommes libres qu’isole irrémédiablement leur subjectivité. »

        « Le présent n’est pas un passé en puissance, il est le moment du choix et de l’action. »

        « Pour désirer laisser des traces dans le monde il faut en être solidaire. »

        « La fatalité triomphe dès que l’on croit en elle. »

        « Se vouloir libre c’est aussi vouloir les autre libres. »

        « La parole ne représente parfois qu’une manière, plus adroite que le silence, de se taire. »

        « Choisir la vie c’est toujours choisir l’avenir. Sans cet élan qui nous porte en avant nous ne serions rien de plus qu’une moisissure à la surface de la terre. »

        « C’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète. »

        « Il est peu de vertus plus tristes que la résignation ; elle transforme en fantasmes, rêveries contingentes, des projets qui s’étaient d’abord constitués comme volonté et comme liberté. »

 

 


Pseudo :
Titre :
Commentaire :
Pictogramme :
Captcha
   
Mentions legales | Admin | Contact | L'equipe