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VOLTAIRE

AUTEURS

                                                       VOLTAIRE

                                                        ( 1694 – 1778 )

 

           Poète, philosophe, essayiste, historien et dramaturge, Voltaire est la figure marquante qui incarne dans sa plénitude le siècle des lumières au 18ème siècle. Esprit universel, défenseur acharné de la liberté individuelle et de la tolérance, Voltaire est connu de nos jours pour ses écrits philosophiques et pour sa grande ironie. Ses écrits ont eu une grande influence sur la révolution française de 1789 et sur la révolution américaine de 1776.

 

  Voltaire de son vrai nom François Marie Arouet, est né le 21 novembre 1694 à Paris. Son père, François Arouet, est notaire puis receveur des épices à la cour des comptes ; sa mère, Marie Marguerite d’Aumart est d’une famille proche de la noblesse de robe. Il restera toute sa vie marqué par ses origines, de la haute bourgeoisie. Il perd sa mère à l’age de sept ans. Il fait ses études au collège des Jésuites, futur lycée «  Louis le grand. Il y reçoit une formation classique, y apprécie le théâtre et la poésie. Adolescent, il fréquente la Société du Temple, où se rencontrent des libertins et des beaux esprits qui font l’apologie du plaisir et qui prônent une philosophie déiste selon laquelle la nature est bonne puisque créée par un dieu bon.

 En 1713  il part pour la Hollande comme secrétaire de Mr de Chateauneuf, frère de son parrain. Sa liaison avec Mlle du Noyer, dite « Pimpette », lui vaut d’être chassé de l’ambassade de France à la suite de la plainte de la mère de la jeune fille qu’il voulait enlever. Mr Arouet menace son fils de l’envoyer à Saint Dominique et de le déshériter. En 1714 il écrit un pamphlet, « Lettres à Mr D* », et une satire, « Le Bourbier ou le Parnasse  », et commence une tragédie, « Œdipe ».

      En 1716, il est exilé pour avoir écrit contre le régent des vers séditieux, qu’il se défendra d’ailleurs d’avoir écrit. Quand le régent Philippe d’Orléans le rencontra dans les jardins du Palais-Royal, il lui lança : «  Monsieur Arouet, je gage vous faire voir une chose que vous n’avez jamais vue. –Quoi ? – la Bastille .

-Ah ! Monseigneur, je la tiens pour vue. » Ce n’est pas à la Bastille qu’il ira mais à Sully-sur-Loire où il passera cinq mois. En 1717 il récidive et est emprisonné à la Bastille pendant un an car accusé d’avoir rédigé des pamphlets contre le Régent. Libéré en avril 1718, il est exilé à Chatenay-Malabry. Il prend un nouveau nom, Voltaire, et achève sa première pièce de théâtre, Œdipe, qui sera couronnée de succès, quelques mois après sa sortie de prison. Les années de 1719 à 1724 sont des années de mondanités où il est reçu à la cour de Louis XV. En 1726, à la suite d’une altercation avec le Chevalier de Rohan, il retourne à la Bastille.

Libéré au bout de cinq mois, il est autorisé à s’exiler en Angleterre. ( 1726-1729 ). Ces trois années d’exil lui permettent de découvrir la philosophie de John Locke, les théories scientifiques d’Isaac Newton, la monarchie britannique, une littérature nouvelle et une liberté de pensée morale et politique. Au contact des philosophes d’Outre-Manche où la liberté d’expression est plus grande qu’en France, il s’engage dans une philosophie réformatrice de la justice et de la société.

De retour en France, il publie des tragédies inspirées de Shakespeare ( Brutus, 1730 / Zaïre,1732 ) et une étude historique, histoire de Charles XII , 1731. En 1734, il publie les « lettres philosophiques », satire des mœurs et des institutions françaises. Scandale ! ses lettres sont condamnées au feu et lui à la Bastille. Il se réfugie en Lorraine chez Mme du Châtelet dans son château de Cirey. En 1733 il avait rencontré Gabrielle-Emilie Le Tonnelier de Breteuil, mariée au Marquis du Châtelet. Voltaire tombe amoureux de cette femme spirituelle, pleine d’humour, amatrice de sciences. Il vivent un parfait amour et leur union durera jusqu’à la mort d’Emilie, en 1749. Emilie le rejoint dans sa retraite de Cirey. Au bout d’un an il peut revenir à Paris. Durant une dizaine d’année il fréquentera cet endroit ; sa liaison avec Emilie n’est pas exclusive, chacun ayant des amants ponctuels.

Voltaire continue de se cultiver, il écrit beaucoup : « Alzire ou les américains », drame joué à Paris en 1736 ; « L’enfant prodigue » représenté le 10 octobre, et «  le mondain » publié en novembre 1736 et à l’origine d’un nouveau scandale. Il vante les mérites de l’hédonisme le plus accompli et fait l’éloge du luxe. Menacé, il part quelques semaines en Hollande. En 1738 il publie «  les éléments de la philosophie de Newton et rédige les premiers « discours en vers sur l’homme ». Il écrit de nombreuses lettres, en particulier à Frédéric II, prince royal de Prusse. La marquise de Pompadour, favorite du roi Louis XV, protège et soutient Voltaire ; il peut donc revenir à la cour en 1743. Deux ans plus tard il est nommé historiographe du roi. Cette période est ambigüe, puisqu’au moment où se profile l’Encyclopédie, Voltaire est poète de la cour et dramaturge reconnu.

Il est reçu à l’académie française au fauteuil de Jean Bouhier. Septembre 1746 Voltaire rencontre d’Alembert, l’un des grands rédacteurs de l’encyclopédie, ouvrage de combat contre la monarchie absolue. Au XVIIIème siècle en France, la totalité du pouvoir est entre les mains du pouvoir et de l’église. Cette dernière enseigne que l’autorité pour déterminer le bien et le mal est entièrement dévolue au roi par Dieu. Le roi est au dessus des lois et son bon plaisir est dans la loi. L’église inculque à l’opinion populaire le respect de la monarchie de droit divin et en retour le roi protège l’autorité de l’église catholique en France. C’est un système de contrôle des consciences. Tant que le peuple croit au droit divin des rois, le clergé, la noblesse et les rois maintiennent leurs privilèges par rapport au reste de la population. En matière de justice, selon les différentes provinces françaises les coutumes ne sont pas les mêmes. Les charges judiciaires sont vénales, et il n’est pas nécessaire d’avoir une expérience antérieure. Les lois pénales sont confuses ; il n’y a pas de jury ; la torture existe. Une personne arrêtée peut être maintenue en prison pendant des mois avant que son procès n’ait lieu. Le pouvoir des juges est illimité. Tous les écrits sont examinés par les censeurs officiels avant de pouvoir être publiés. En 1741 il y avait soixante seize censeurs officiels. Avant que le livre n’obtienne « la permission et le privilège du roi », le censeur doit attester que le livre ne contient rien de contraire à la religion, à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Un livre publié sans la permission du gouvernement peut être brûlé par l’exécuteur public. L’imprimeur et l’auteur sont arrêtés et mis en prison. Beaucoup d’écrits de Voltaire furent brûlés par l’exécuteur public. C’est pourquoi il écrivit souvent de manière anonyme, et la plupart de ses livres étaient interdits de vente. Lui et d’autres écrivains français faisaient imprimer leurs œuvres à Amsterdam, La Haye ou Genève pour échapper à la censure.

Pour masquer ses idées sur la nécessité de réformer la société, Voltaire situait ses pièces et ses contes dans le passé ou dans des pays imaginaires ou étrangers. Il pouvait aussi publier sans faire de conclusion et laisser le lecteur faire son propre jugement. Voltaire était souvent appelé le génie de la moquerie. En 1747 il publie un conte philosophique : Zadig qui met en scène un philosophe naïf confronté à un monde absurde qu’il ne comprend pas. C’est à la même période qu’il se retire de la Cour à qui il reproche son artificialité et son manque d’éclat. Le jeu des masques l’emporte sur le vrai goût littéraire. Il commence une liaison suivie avec sa nièce, madame Denis. La mort de Mme du Châtelet en 1749 le déprime et il décide de voyager ; il  accepte l’invitation de Frédéric II de Prusse qui le nomme Chambellan de sa majesté. Les relations entre les deux hommes sont assez complexes. Voltaire s’évertue à trouver en Frédéric II le despote éclairé dont il rêve. Pour sa part le roi de Prusse admire en Voltaire le penseur, l’homme d’esprit intelligent, vif et cultivé mais il n’apprécie pas trop l’homme lui-même. Voltaire travaille beaucoup. Il achève « le siècle de Louis XIV  » publié en 1751, compose ses premiers dialogues philosophiques, rédige Micromégas (1752 ) et pose les jalons du dictionnaire philosophique. A la suite d’une dispute avec Maupertuis, scientifique français et président de l’académie de Berlin, Voltaire quitte la cour de Frédéric II ; après ses déboires avec la monarchie prussienne, il développer une haine envers tout ce qui peut porter atteinte à la liberté d’expression. L’amertume ressentie déterminera en partie l’engagement de la dernière partie de sa vie. En 1755 il achète une propriété dans les environs de Genève qu’il baptise « Les Délices » où il s’installe avec Mme Denis. Il collabore au septième tome de l’encyclopédie.

En 1758 il achète la propriété de Ferney dans laquelle il passera les dernières années de sa vie. Il va bâtir, planter, aménager la région et développera l’élevage. Il se fait agriculteur, architecte, fabriquant de montres et de bas de soie. Il résume l’entreprise : «  Un repaire de quarante sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par mille deux cent personnes utiles. »

Pendant cette période, il écrit les œuvres les plus marquantes pour le lecteur d’aujourd’hui. De 1758 à 1760 il fait l’ébauche de ses mémoires qui ne paraîtront qu’en 1784. En 1759 il achève l’un de ses chefs-d’œuvre « Candide ou l’optimiste ». Il s’y indigne devant l’intolérance, les guerres et les injustices qui pèsent sur l’humanité. Il dénonce la pensée providentialiste et la métaphysique oiseuse. De sa propriété de Ferney il devient le roi de la société intellectuelle de l’Europe entière. Il correspond avec des souverains comme les rois de Pologne, de Suède, de Russie, avec des protecteurs très puissants à Paris comme Choiseul, Turgot, d’Argental, avec des philosophes et des scientifiques comme d’Alembert et Condorcet. Son prestige s’accroît.

En 1762 un protestant , Jean Callas, est supplicié et condamné sans preuve par le parlement de Toulouse pour avoir tué son fils en vue de l’empêcher de se convertir au catholicisme. Le 10 mars Jean Callas est exécuté. Voltaire lance à l’échelle européenne une campagne pour réhabiliter Jean Callas et publie le « traité sur la tolérance. » Calas est réhabilité le 09 mars 1765. A partir de là Voltaire prend fait et cause pour la tolérance et augmente sans cesse sa notoriété. Il publie le « dictionnaire philosophique », « la philosophie de l’histoire », et le roman philosophique « Jeannot et Colin ». A Freney sa vie est d’une richesse étonnante. Il concilie la gestion d’une terre, un engagement multiple et une production littéraire énorme. La quantité d’œuvres produite durant cette période est incroyable. En 1778 Mme Denis parvient à convaincre Voltaire de retourner à Paris. Le 30 mars il reçoit l’hommage de l’académie française et la foule le porte en triomphe à la comédie française pour la sixième représentation de sa dernière tragédie « Irène ». Au soir du 30 mai 1778, Voltaire meurt et est enterré à l’abbaye de Scellières. Après la révolution, le 11 juillet1791, il entrera en grandes pompes au Panthéon, accompagné par l’immense cortège des citoyens reconnaissants. Son épitaphe résume bien l’homme :

 « il combattit les athées et les fanatiques. Il inspira la tolérance, il réclama les droits de l’homme contre la servitude de la féodalité. Poète, historien, philosophe, il agrandit l’esprit humain et lui apprit à être libre.»

 Voltaire, le « patriarche de Ferney  », représente éminemment l’humanisme militant du 18ème siècle. Comme l’a écrit Sainte-Beuve : « tant qu’un souffle de vie l’anima, il eut en lui ce que j’appelle le bon démon : l’indignation et l’ardeur. Apôtre de la raison jusqu’au bout, on peut dire de lui qu’il est mort en combattant. »

Il a laissé mille cinq cent lettres, un dictionnaire philosophique, une trentaine de contes philosophiques et des articles publiés dans l’encyclopédie ou " dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers " .

                                                                                                   Isabelle LYSSON


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