Article paru le 24/04/2016 dans Les Echos.fr :
« OBAMA en Allemagne pour parler Traité Transatlantique » :
Après un passage au Royaume-Uni, le président américain poursuit son périple entamé en Arabie Saoudite, effectuant son 5ème voyage en Allemagne depuis qu’il est au pouvoir.
Barak Obama a entamé dimanche 24/4 une visite en Allemagne chez « son amie » Angela Merkel sa partenaire européenne la plus respectée, avec qui il souhaite défendre le libre-échange malgré les critiques au sein même du gouvernement allemand.
Le président américain est arrivé à Hanovre, dernière étape de son périple qui l’a d’abord conduit en Arabie Saoudite …. puis au Royaume-Uni pour mettre en garde contre une sortie du pays de l’Union européenne.
Salon industriel de Hanovre, TTIP
Le président américain inaugure le Salon industriel de Hanovre grand-messe du «made in Germany », dont les Etats-Unis sont cette année le partenaire. Il offre aux dirigeants allemand et américain un tremplin idéal pour promouvoir l’accord de libre-échange actuellement négocié entre l’ Union européenne et les Etats-Unis, connu sous les acronymes TTIP ou TAFTA.
« Nous n’abandonnerons pas nos efforts pour négocier un accord de libre-échange avec notre plus grand partenaire, le marché européen », a assuré dans la presse britannique Barak Obama, qui souhaite un accord avant de quitter le pouvoir en fin d’année.
Le président a aussi réitéré ses mises en garde au Royaume-Uni en matière commerciale au sujet d’une éventuelle sortie de l’U-E. En cas de Brexit, Londres « ne sera pas en mesure de négocier quelque chose avec les Etats-Unis plus rapidement que l’U-E ».
Divergences sur le TTIP
Les tractations autour du TTIP butent toutefois actuellement sur des divergences tenaces entre les deux parties, alimentées par un scepticisme grandissant des opinions tant aux Etats-Unis qu’en Europe. En Allemagne, une manifestation d’opposants a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes. Au sein même du gouvernement allemand, pourtant considéré comme un des principaux défenseurs du projet en Europe, l’impatience grandit.
L’accord « va échouer » sans concessions de Washington, a averti le ministre allemand de l’Economie, dans les médias. Le numéro deux du gouvernement, Sigmar Gabriel, refuse d’avaler tout cru un texte qu’il résume pour l’instant à la devise : « Achetez américain ».
La France fait aussi preuve de fermeté. Le Président François Hollande refuse de parler du TTIP lors d’une rencontre à cinq organisée par Angela Merkel à Hanovre avec les dirigeants italien et britannique ; raison invoquée selon l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel » : le sujet serait trop impopulaire en France.
Pas un accord de libre-échange classique
Le TTIP, comme l’explique Pascal Lamy, l’ancien directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce n’est pas un accord de libre-échange classique qui consiste à abaisser des droits de douane pour faciliter les échanges commerciaux. L’enjeu est ailleurs : il touche à la régulation des marchés et la règlementation des produits mis sur le marché. Autrement dit, le sujet principal est la protection et l’information des consommateurs (tests de sécurité des voitures, étiquetage des produits cosmétiques, tests sanitaires des huîtres, des volailles…). C’est pourquoi il agite tant l’opinion publique, les politiques et les parlementaires : le TTIP fait peur en raison des différences culturelles de part et d’autre de l’Atlantique. D’un côté, l’Europe est attachée au « principe de précaution » où l’on cherche à éviter le problème ; de l’autre, les Etats-Unis sont plutôt dans le « principe de réparation » où l’on traite le problème s’il survient. C’est un fossé majeur à combler et qui explique en partie la lenteur des négociations.
Paul Bée