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CONSTRUIRE

 

                                                                 CONSTRUIRE

    

                    Construire c’est édifier. Edifier c’est planifier. Planifier une œuvre c’est la déconstruire parce qu’on veut en établir les étapes successives. Construire c’est donc déconstruire.

 

           Toute construction passe dans son élaboration par une déconstruction, c'est-à-dire une division de son  déploiement en tranches de progression. Rien de ce qui existe n’échappe au principe d’une construction préalable, sous tendue par une volonté créatrice. De là nous pouvons déduire la relation : construire c’est d’abord vouloir.

           Vouloir c’est construire si l’on veut ensuite obtenir le résultat de la construction . Toute volonté d’acquisition se voit mise en demeure de s’impliquer dans un processus de construction plus ou moins long pour parvenir à ses fins. De là nous pouvons déduire aussi que tout ce que nous voyons a été construit et donc voulu.

 

           Vouloir c’est construire et, inversement, toute construction est issue d’un vouloir. Tout ce qui est apparentiel est voulu. Chaque fois que nous constatons l’existence de quelque chose nous pouvons dire que cette chose a été voulue par rapport à l’obtention d’un résultat et que cette chose a sa place à tenir dans un contexte. Il y a, dans ce que nous voyons, les œuvres humaines, en nombre conséquent et les autres :

           la nature qui nous environne, c'est-à-dire le règne végétal mais aussi le règne animal, le règne minéral, la race humaine qui en découle et l’univers dans ses formes ; à chacun de conclure si ces dernières peuvent être qualifiées d’ « œuvres divines  ». En toute logique nous serions en droit de l’affirmer puisque ces œuvres sont apparentielles, donc constatables. La création toute entière apparaîtrait à ce moment-là comme un ensemble de choses harmonieux, choses liées entre elles par une relation d’utilité et donc de  soutien, et au cœur desquelles se trouve l’homme, phénomène récent dans l’histoire de l’évolution, bénéficiaire et usufruitier de ce contexte.

 

          Nous constatons que l’homme est un constructeur impénitent. On ne peut l’en incriminer car être constructeur c’est être créatif. Notre constructivité se présente  souvent sous des aspects envahissants et destructeurs, mais ce n’est pas la créativité qui est à mettre en cause mais la façon dont elle est orientée. Notre constructivité nous vient de notre capacité à analyser, c'est-à-dire observer, mémoriser, tirer les conséquences de nos observations ; vient ensuite la capacité à dupliquer, c'est-à-dire reproduire ce que nous avons observé, par mimétisme, et puis la capacité à utiliser la chose observée comme un élément de construction maniable et déformable. Personne n’échappe à ce « schéma évolutif » qui, de la prime enfance à l’age adulte, fait de nous des constructeurs.

      Construire c’est travailler à édifier une œuvre, en respectant ou non un plan directeur. La notion de travail dans la construction est très importante car elle suppose la mise à contribution d’énergies mentales et physiques. Cela suppose l’utilisation de ce que nous savons détenir, c'est-à-dire la mise en chantier de  nos capacités pour toucher un but. C’est un potentiel de ressources à mettre en valeur et à approfondir.

         Tout est dans le plaisir d’aller chercher au fond de soi ces trésors enfouis et de s’apercevoir qu’ils sont là,  prêts à produire ce que l’on en attend.  C’est ce que nous aimons dans le travail et qui nous permet de devenir un peu plus nous-mêmes, ce qui équivaut à dire nous approprier ou nous réapproprier notre moi véritable, trop souvent noyé dans la passivité, la routine ou le suivisme.

          Construire c’est travailler à édifier une œuvre et c’est donc produire. Nous sommes tous producteurs, à des degrés divers, selon les circonstances, ce qui signifie que nous sommes appelés à fournir du résultat dans un ou plusieurs secteurs d’activité, secteurs de prédilection en général parce que choisis, mais pas seulement. Dans la société, seule notre productivité semble requise, c'est-à-dire littéralement notre capacité à engendrer des produits, quels qu’ils soient : fromages, céréales, légumes, outils, chansons, articles, livres, gratte-ciels, autoroutes etc...         Nous produisons à partir de notre capacité à le faire, c'est-à-dire à partir d’une formation préalable reçue dans ce but. Ce n’est qu’ensuite que l’on s’aperçoit qu’à l’intérieur d’une production dans son élaboration, nous construisons-créons le résultat envisagé, par l’investissement de nos acquis et de notre volonté.

         La production contient la construction et la créativité car produire signifie livrer un produit fini, c’est à dire en état d’être utilisé.

          Dans l’ordre nous pouvons discerner d’abord la créativité, qui synthétise la création de l’idée unificatrice de départ et l’envie de la traduire en une réalisation. Ensuite vient la constructivité, qui peut contenir des phases de créativité, mais qui représente surtout le travail de mise en forme de l’idée originelle, ou plan général. La productivité consiste à suivre et accompagner le processus d’élaboration du produit, du début jusqu’à la fin, où il va être livré à la consommation.

        Il est clair que dans l’entendement collectif «  construction  »  et «  création » sont synonymes parce que se chevauchant et produisant un même résultat. Lorsque l’on dit que l’homme est un constructeur on pense au bâtisseur d’empire, ou bâtisseur de cathédrales qui édifia, édifie et édifiera toujours des réalisations d’envergure de type états, fédérations, regroupements de populations d’origine diverse appelées à  cohabiter au sein d’un ensemble. On pense aussi à des œuvres plus directement visuelles telles que zones urbaines en extensions, avec buildings et structures d’importance à l’appui. Nous nous savons créateurs de civilisations.

          Il y a aujourd’hui  un défi à relever dans notre mode de vie et qui se fera sur la base d’une constructivité accrue : le passage de l’ère du pétrole à l’ère des énergies renouvelables, et c’est tout simplement le passage d’une civilisation à une autre. Toutes les volontés sont requises pour permettre à l’humanité de franchir ce cap, toujours sur la base du même processus : le vouloir mis en action, la constructivité sur la base de la créativité pour remplacer l’ancien modèle dans ce qu’il a de périmé au niveau de sa structure et de ses applications.

         Construire c’est travailler à édifier une œuvre et y prendre plaisir. Nous aimons à nous projeter dans nos œuvres parce que c’est là le naturel d’une énergie en action, d’un esprit en activité qui s’extrapole en concrétisations. Ces dernières représentent à nos yeux une somme d’efforts et de constructivité dont nous connaissons le prix. Pour qui veut s’utiliser pleinement, ces concrétisations sont le signe que notre démarche n’est pas vaine et que nous savons utiliser nos acquis à des fins profitables à tous. Par rapport à des valeurs qui nous incitent à prendre une part active au sein du concert des échanges, par rapport à l’envie de contribuer à la collectivité, ces résultats sont des marqueurs dans notre ascension vers plus de maîtrise, des  attestations de ce dont nous sommes capables à un moment donné, dans une évolution globale où l’on se  définit comme « être transcendant », c'est-à-dire être d’apport et de dépassement.

         Nous nous qualifions, à juste titre, de constructeurs, mais aussi parce que cette image nous flatte et nous stimule. Si nous sommes constructeurs c’est parce qu’il y a toujours à faire, mais aussi parce qu’il faut sans  cesse œuvrer, la marche du temps l’exigeant. Par ailleurs nous aimons ce dépassement qui nous entraîne au-delà de nos créations passées, vers l’inconnu, des lendemains à créer, c'est-à-dire surtout à organiser et rendre praticables .

        Il est clair que notre constructivité se nourrit de nos initiatives et qu’inversement nous cherchons constamment des ouvertures à notre besoin de créer. Notre productivité se cherche des points d’application dans toutes les directions, nous fournissant matière à œuvrer si ce but est atteint. Et là nous retombons dans le débat sur ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Il nous appartient, en tant que société mais aussi à titre personnel, de déterminer avec exactitude, et là la concertation la plus large est nécessaire ( consultation de toutes les parties prenantes ainsi que des spécialistes et experts des domaines concernés ), ce qu’il est opportun de faire et ce qu’il ne faut pas faire dans toutes situations où un choix s’impose. A savoir que notre constructivité doit être stoppée net si, dans l’évaluation préalable, il s’avère qu’elle n’a pas lieu d’être. Un individu ou une société doit savoir reporter sa constructivité sur des domaines où elle est nécessaire ou possible plutôt que de la continuer inutilement et à perte dans certaines voies. Il faut donc toujours un débat préalable, une réflexion approfondie avant que de permettre le déploiement d’activités dans une direction donnée, car, dans le cas contraire, on s’expose à des dommages parfois irréversibles ou, pour le moins, à du gaspillage. C’est là tout le débat qui nous occupe quant à la préservation de l’environnement et de la biodiversité qu’il abrite.

         Depuis peu nous nous sommes aperçus que notre planète n’est pas extensible à l’infini dans ses ressources et qu’il allait falloir faire preuve de mesure et de retenue dans la manière que nous avons de l'exploiter.

         Nous assistons à la fin d’un monde où la constructivité débridée de certains était mise en exergue comme modèle pouvant servir à tous. Aujourd’hui ce type de comportement, même s’il se poursuit encore, est mis  en balance. Nous avons à faire émerger un nouveau type de relation/ relationnement à notre terre-patrie  dans tout ce qu’elle offre de support à nos vies. Le critère d’évaluation majeur pour toute action sociétale et individuelle devient notre propre survie en tant qu’espèce et un respect total à tout ce qui la soutient.

          Dans ce contexte c’est une nouvelle façon d’ajuster notre  constructivité qui voit le jour, où elle devrait trouver à s’épanouir plus encore tant les besoins sont nombreux.

         La voie est donc ouverte à tous les constructeurs du nouveau monde en gestation. ( Toute retenue dans cette direction sera considérée comme obsolète ) .

 

                                                                                                     PATRICK  JAKUBOWSKI

 

        


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