GRECE : L’ EXODE RURAL A L’ ENVERS
De plus en plus d’ habitants des villes partent s’ installer à la campagne.
L’exode rural s’est tari en Grèce il y a une vingtaine d’années ; mais avec la crise économique et financière que le pays traverse on assiste au phénomène inverse : ce sont les villes qui se vident dont principalement les plus grandes au nombre desquelles Athènes et Thessalonique.
Une proportion importante de grecs font le choix d’un retour à la campagne. Anastasia, qui habitait dans la capitale, est retournée en Crète dans le village où elle est née il y a trente ans : « comme cuisinière à Athènes je n’avais plus de travail depuis six mois. Je ne pouvais plus payer mon loyer ; ça devenait compliqué ; j’ai pris une décision difficile : retourner dans la maison de ma grand-mère et me lancer dans les produits biologiques crétois ».
La trentenaire a opéré sa reconversion. Elle prépare désormais des compotes, des confitures, des fruits confits et bientôt du fromage. Sa situation reste précaire mais elle se renforce progressivement.
Ils sont des dizaines de milliers à franchir le cap. Ils sont actuellement plus d’un million et demi, sur onze millions d’ habitants, à vouloir quitter leur ville pour rejoindre la province et parmi ceux-là pas loin d’ un cinquième a déjà pris des mesures concrètes en vue de ce changement. Deux tiers ont été à l’ université et les trois quarts n’ont pas encore quarante ans. Les créneaux principalement convoités sont : -la culture d’oliviers –l’ agriculture biologique-la culture de plantes aromatiques et pharmaceutiques. Tous ces transfuges n’aboutissent pas forcément dans ces créneaux mais presque tous retrouvent une nouvelle stabilité avec une maison familiale et un lopin de terre, de quoi se loger et se nourrir.
Antoine Moissidis, professeur de sociologie rurale à l’ université Panteion d’Athènes, refuse l’ image stéréotypée d’ un joyeux retour à une vie meilleure : « le tourisme agricole, le travail sur les îles, certes ; ils espèrent retrouver une qualité de vie décente mais attention, leur situation n’est pas rose pour autant ! il n’ y a pas tant de travail que ça et ils n’ont pas d’ argent pour investir ! » Propos n’engageant que son auteur car toute situation est sujette à évolution et nul ne peut prédire ce que chacun deviendra, ni ce que les temps promettent .....
Paco Albeniz