MediAscendances...
Newsletter | Abonnement
Se connecter | Nos objectifs

Petite visite de la statuaire classique  du parc de Versailles

FRAGMENTS D'HISTOIRE 

 02 06 2014-

        PETITE VISITE DE LA STATUAIRE CLASSIQUE

                                               DU PARC DE VERSAILLES

(Nota : notre groupe doit rester bien groupé pour mon efficacité de guide et le respect de l’horaire.)

Chers amis, bonjour.

1-Louis 13 chassait dans l’immense forêt de l’ «Yveline » et , lorsqu’au soir il rentrait de Verrières ( de nos jours Verrières-le-Buisson), il pouvait se reposer sur cette butte dominée par un moulin à vent, se serrant et dormant ici, jambes dessous-bottes dessus , avec ses compagnons dans un modeste pavillon de chasse que son fils voudra garder et qui se trouve derrière nous. Dés 1631 le premier tracé du jardin sera effectué en cinq ans par Jacques de Menours . A cette époque, Versailles ne voyait guère passer que le cheptel du Perche et de la Normandie lorsqu’il s’acheminait vers les abattoirs de Paris.

Louis 14 (1638-1715) succède à 4 ans et chasse à 6 ans ! En 1661, à 23ans, il a un coup de foudre pour Mademoiselle de La Vallière. Et bien entendu, en 1662 il donne les fêtes de l’Ile Enchantée ( en amour on ne compte pas ) avec le concours des meilleurs musiciens et comédiens, ceux que vous connaissez et dont vous vous souvenez… Et dès l’année suivante(1663), André Le Nôtre ( héréditairement architecte -paysager et qui vient de chez Fouquet, le surintendant des finances disgracié en son château de Vaux-le-Vicomte), est à l’oeuvre sur un terrain bien difficile : il organise le parc sous les ordres de Colbert, surintendant des bâtiments. Quant à Charles Lebrun, il est le peintre qui dessinera notamment toutes les statues. Lebrun sera en effet le secrétaire puis le directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture ainsi que de l’Académie de France à Rome. C’est donc un très grand artiste qui aura l’autorité et la capacité artistique de tout diriger à Versailles, à l’intérieur comme à l’extérieur du Château. Sa prodigieuse réussite créative a donné, dans son unité, l’ « Art versaillais et l’ordre français », ainsi que notre rayonnement européen. Dans l’exécution. Si Colbert accepte le « modelo » de la statue, alors le marbre de Carrare est commandé. C’est les Francine qui dirigent les fontaines ; Mansart 1 et son n° 2 (devenu Hardouin-Mansart par mariage..) sont les architectes ; La Quintinie est le jardinier. L’abbé Jean Picard est l’astronome, l’ opticien, le géodésien ( Né à la Flèche et mort à Paris en 1682 ). Il est l’ inventeur du micromètre à fil mobile, une lunette à niveau capable de mesurer des micro-angles (dans l’artillerie et pour ma section de mortiers de 81mm , nous utilisions un sitomètre portatif ), lunette qui se révélera très utile sur ce terrain pour l’application de l’anamorphose et de la collimation. En1682, à 44 ans le roi parvient enfin à s’installer à Versailles. Le financement est contrarié par les guerres ( Succession d’Espagne, Ligue d’Augsbourg , etc) les régiments ne retournent plus le paysage et il n’y a plus lieu d’édicter que les filles qui débauchent les soldat «auront le nez coupé » . A noter qu’à différentes époques, des familles d’agriculteurs provinciaux, normands, autrichiens même, seront attachées de pères en fils au domaine royal. Parmi leurs prouesses, on cite sous Louis 14, l’exemple d’un spécialiste des taupes qui comptabilisait 6000 captures. Plus tard un berger autrichien de Marie-Antoinette, sombrant dans la neurasthénie, profita de la générosité des princesses qui offrirent le voyage à la fiancée demeurée au pays.

02 06 2014-

2-Parterre nord : grosse déclivité et 2 niveaux de terrasses pour éprouver Le Nôtre !

En Italie, Colbert récupère 8 statues antiques en l’état. Lebrun dessine les copies et en1674 c’est la Grande Commande de 24 copies. Les toutes premières statues ont été coulées en plomb doré ou peintes au naturel ; puis vient le temps du meilleur marbre. Et c’est en1674 qu’apparait le faire-valoir des hautes charmilles au bénéfice de la livraison de la Grande Commande. Enfin dix ans plus tard(1684), c’est le tour des superbes bronzes qui ornent les deux bassins de la terrasse centrale (le Parterre d’Eau), oeuvres des Keller , « Ultima Sculptoris », ces Keller également fondeurs des canons du roi, « Ultima Ratio Regis » . On dit que les plus belles statues seraient sur l’Allée Royale (ou Tapis Vert).

Façade ouest : impressionnante d’ampleur. On discerne à peine la profusion de la décoration et des thèmes iconographiques déclinés par les érudits de l’Académie d’alors. C’est la fameuse cadence des quatre éléments, heures, saisons, arts, tempéraments….Et encore la paix, la guerre, la séduction, la force… (Citons aussi ce « graveur » méconnu, Caron de Beaumarchais, qui exerçant ses multiples professions d’espion, marchand d’armes, écrivain parfois … était aussi le professeur de piano des filles du roi Louis 15 et qui pendant ses leçons, prenait le temps de graver son nom avec le diamant de sa bague …inscription et carreau toujours en place, mais néanmoins ignorés de la majorité des guides actuels).

3-Le Parterre d’Eau et cette architecture aquatique qui règne sur 70 hectares dépourvus …d’eau !

Anomalie flagrante, nous sommes au sommet de ce mouvement de terrain et, comme sur les sommets des iles du lac Titicaca, surgit l’eau stockée en énorme quantité sous nos pieds.

En effet, sous nos pieds, le parc dispose d’une capacité de 6.000 m3 avec les contributions de la Rue des Réservoir et celui du Montboron. Le returbinage a même permis de transformer celui de la Côte de Picardie en parking universitaire. (Et depuis quelques années la Maison des Filtres ne voit plus passer que les visiteurs du patrimoine.) . Les Grandes Eaux nécessitent 5000 à 8000 m3. Aussi, au 17 /18ème siècle Louis 14 devait-il souvent se contenter du fonctionnement des fontaines comprises dans son champ de vision. La machine de Marly, les aqueducs (Marly, Maintenon ,Epernon, Buc...) vinrent en renfort et on finit par prétendre capturer les eaux de la Loire…

 La science vint encore au secours de la gestion critique de l’eau en la personne de Philippe de La Hire , astronome, qui s’il n’inventa pas le nilomètre, parvint cependant à initier l’observation météorologique (entre autres ), donc de l’eau, à partir de relevés pratiqués à l’observatoire de Paris. 02 06 2014-

Sur le Parterre d’Eau, quatre transformations historiques successives vous proposent 16 statues des deux sexes (Fleuves et rivières) moulées en bronze par les Keller sur les deux bassins. De part et d’autre ce sont les Cabinets des Animaux et les Fontaines du point du Jour et du Soir.

4- Sur les degrés de la Fontaine de Latone : Le Nôtre applique l’anamorphose au tracé de ce paysage.

En simplifiant, l’anamorphose est l’art optique ou géométrique de transformer formes, volumes et tracés pour optimiser le rendu, l’esthétique. Ici la restitution est obtenue par un examen hors du plan de sa transformation. ( Ailleurs, et pour mémoire, c’est par une optique courbe) . Ici c’est l’exemple géométrique : tournons nous vers la croisée du Grand Canal et je vous explique…

5-Le Bassin et le Parterre de Latone. Nous sommes dans la tradition gréco-romaine : c’est le mythe d’Apollon et du soleil (bienfaiteur ou « punisseur » ). La déclivité est très importante ( Ce serait ma foi, un bon décollage pour parapentes ! ) . Le Nôtre avait ce gros problème à résoudre et va donc faire ici usage de sa technique de la « collimation » pour « lisser » le site : et c’est un peu plus loin que nous aborderons sa solution.

L’énorme groupe de Latone est en réfection lourde jusqu’en septembre 2014, mais nous avons la chance de profiter sur place d’un « atelier des métiers », un savoir-faire fontainier historique. (Ici pause : durée 10 minutes.) Nota : il est arrivé que nos ouvriers retrouvent sur place des pièces historiques en bois pour des réparations de fortune faites à l’époque sur des canalisations en plomb.

Avant d’entrer dans l’Allée Royale, nous constatons que Le Nôtre savait gérer les changements de lumière. Sa règle c’est l’ordre et la symétrie générale ; mais il introduit de la variété dans les détails et dans l’éclairage.

Nous rencontrons nos premiers « termes » ou « en gaines ». Puis, en nous retournant, nous mesurons la réduction sensible effectuée sur l’imposant degré de Latone dans l’ensemble du mouvement de terrain : ici prend place mon évocation de l’art de la « collimation » (géodésique) selon Le Nôtre.

Pourquoi Le Nôtre fait-il appel à la « collimation ? Commençons par cet exemple : lorsque vous êtes au pied d’un escalier ,vous ne pouvez prétendre voir la surface des marches qui vous dominent et l’apparence globale en pâti. D’ici en observant les Degrés de Latone, le constat serait le même. Mais c’est justement en pratiquant ses visées optiques avec des lunettes fines et de niveau sur chevalets stabilisés (conservés et exposés au Château durant l’anniversaire de 2013) que Le Nôtre a pu tracer, ordonner et valoriser ces grandes surfaces latérales pentues. Ainsi le Grand Degré est ramené à de plus modestes proportions. Le chantier a donc gagné en possibilité de lecture par une vision panoramique sans occlusion (Souvenons-nous du Château de Sans-Souci à Potdsdam- près de Berlin- qui n’évite pas l’écran des terrasses alors que Peterhof-prés de Saint -Pétersbourg - parait avoir retenu la leçon de Versailles, sans parvenir toutefois au même niveau de réussite). Il en a usé de même pour calibrer et régler la hauteur des jets d’eau.

Nous pouvons poursuivre vers le groupe de Papinus et de sa mère. .. (Nous en sommes arrivés à la 31éme minute de la visite.)

02 06 2014-

6-Allée Royale. Successivement les 6 groupes sud dont, Fidélité, Didon sur le bucher après le départ d’Enée, une Amazone, Achille à Scyros…et la magnifique Colonnade objet de rivalités entre Le Nôtre et Mansart ( citer alors les réparties acerbes en présence du roi). L’Enlèvement de Proserpine par Girardon- le rêve de tout homme, selon « Sigmund Freud – est le groupe qui trône au centre. (44éme minute). Son modèle est au musée du Capitole (comme les autres… quand ils ne sont pas au musée du Vatican). Mais au Capitole, il s’agit d’une autre affaire, puisque l’enlèvement porte sur une pauvre Sabine, comprise également dans un groupe de trois personnages, mais comptant deux hommes, un vainqueur , l’autre terrassé, et une Sabine qui se démène à l’identique .(Photos capitolines visibles sur mon portable à la pause-restaurant.)

7-Le bassin et les chevaux d’Apollon. …Puis repasser à droite : Aristée et Protée…

8- Arrivée au restaurant « La Flotille. Ouf ! Réservation : « Ballaud-Pilo » ; (64ème minute) .

Déjeuner convivial avant de procéder à la phase d’« exfiltration » du parc. Mais nous pourrions aussi évoquer trois faits anecdotiques, sinon fondateurs ,du moins historiques. a ) Don Pérignon ( Mais attention à toute commande sur place, car ici et en l’occurrence ce serait bel et bien avec supplément ! ) fut l’exact contemporain de son roi -1638-1715- et eut son impact sur la tablée royale . b ) le rôle inattendu du chapeau du roi durant ses conseils, un délice pour les juristes historiens des institutions . c) Pourquoi à Rome, fallait-il un enlèvement de Sabine par un Albin ?

9-Exfiltration du restaurant et arrivée à la Petite Venise : évocation de la marine de guerre du roi en réduction avec un mètre maximum de tirant d’eau…

Prendre l’allée royale par la gauche puis remonter la rampe du parterre de Latone par la droite.

Dans l’ordre : Bosquet des Dômes avec ses deux charmantes balustrades circulaires différentes ; Artémise, Cyparisse, Junon, La Fourberie (face à La Fidélité). Nous abordons la rampe (mais y a-t-il des trainards parmi nous?) : l’Apollon du Belvédère…Antinoüs, Vénus Callipyge( et le manièrisme)…le Point du Jour, le Printemps, l’Eau ...A chaque pas les statues ne demandent qu’à parler : alors écoutons-les.

10-A la 60ème minute le programme de la visite devrait s’achever sur la grande façade ouest, façade chargée de symboles à mieux déchiffrer maintenant, car bénéficiant l’après-midi de la lumière solaire (…sinon du soleil lui-même, suivant la météo).

11-C’est alors que les plus résistants se verront offrir un « bis » raisonnable sous la forme de la fin du Parterre d’Eau. Mais la clôture proposée sera la vision aérienne de la charmante pièce d’eau qui trône au parterre de l’Orangerie. Et sans doute pour nombre de Saint-Cyriens ou de voyageurs sahariens, pour peu qu’ils se penchent à la balustrade et sur leurs souvenirs, viendra le moment émouvant et gracieux : ce sera, sous les palmiers, l’apparition de la charmante oasis voulue par Louis 14.

                                                                                                              Pierre Ballaud-Pilo

 

 


Pseudo :
Titre :
Commentaire :
Pictogramme :
Captcha
   
Mentions legales | Admin | Contact | L'equipe