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Promenades dans l'une de nos forêts : sur le mont Aigoual

 

     Promenade dans l’une de nos forêts :

                                                                  sur le Mont AIGOUAL

 

En un premier temps, l’homme était abondamment pourvu de bois et de hêtraies par la nature; pour développer ses activités pastorales, agricoles et industrielles ( par exemple, la production de charbon de bois ), il en vint à déboiser à l’excès. Jusqu’au milieu du XIXème siècle, la déforestation a peu à peu ravagé le paysage français. En effet, la croissance démographique engendrait alors l’augmentation des surfaces agricoles, des besoins en bois de chauffage et par conséquence, l’augmentation des défrichements.

Il faut se souvenir qu’au milieu du XIXème siècle, après exploitation intensive des massifs forestiers, le Mont  Aigoual était totalement dévasté par l’érosion des sols et ainsi mis à nu. Il faut dire qu’à l’époque, la situation liée au déboisement est catastrophique. En 1844, 1856, 1861 et 1868, dans la vallée de Valleraugue, les inondations ont tout dévasté comme lors du passage d’un cyclone !

La France décida alors d’agir et de mettre en place des actions de reboisement afin de préserver toute la richesse de ses paysages, la forêt ne représentant à l’époque plus que 13 à 14 % du territoire. Le reboisement massif entrepris par l’administration des Eaux et Forêts a cependant chassé l’élevage et l’agriculture d’autant que le Mont Aigoual est une imposante masse granitique recouverte de schistes sur lesquels poussent mieux les arbres, tandis que le sol du plateau avoisinant est granitique. Le Mont Aigoual, royaume des ouragans qui engendrent ruisseaux et rivières, est devenu depuis une montagne forestière.

La vaste opération de reboisement entreprise voilà près d’un siècle a fait apparaître les pins à crochets, les pins noirs d’Autriche et les pins sylvestres, mais aussi des épicéas et des mélèzes, tandis que les derniers taillis de hêtres ont été entretenus. A l’heure actuelle, l’essentiel de cette forêt est productif et exploité par l’ONF. Les visiteurs peuvent s’exercer à identifier les différentes essences en se rendant dans les arboretums de Saint-Sauveur des Pourcils (Camprieu ), de l’Hort-de-Dieu (Valleraugue) et de Cazebonne (Alzon).    

Aujourd’hui donc, l’exploitation du bois et le tourisme, avec le ski, sont restés les ressources essentielles de cette contrée. Il n’a pas été possible, au grand dam des protecteurs de la nature, de freiner le développement du domaine skiable resté cependant modeste. Depuis dix mille ans, sur le Mont Aigoual, se sont succédé les bouleaux et les pins, puis les chênes à feuillage caduc, ensuite les hêtres, les rois du Mont Aigoual, et les sapins avant que les graminées ne trahissent enfin la présence de l’homme et de pâturages.

Si les pentes de l’Aigoual sont aujourd’hui recouvertes d’arbres, on le doit en partie à un homme : cet homme, c’est Georges Fabre, et il aura permis de replanter quelque 68 millions d’arbres ! Né à Orléans en 1844, Fabre est sorti major de sa promotion de polytechnique. Il est nommé à Mende en 1868. Il rejoint ensuite le Gard où il devient inspecteur du service des reboisements. Il commence à acheter les premiers terrains agricoles où il va replanter les arbres. Mieux, il démontre que les sédiments de l’Aigoual se retrouvent dans le port de Bordeaux et contribuent à son engorgement. Il convainc les armateurs bordelais de financer une partie de son projet.

 Bousculant les administrations, Fabre débute une quête qui durera près de trente ans. « La restauration forestière des hautes Cévennes ne peut se faire d’une façon réellement efficace et utile qu’en éteignant une à une les mille ramifications supérieures des grandes rivières torrentielles », écrit-il.  « Ce résultat ne peut être obtenu qu’en couvrant toutes les pentes ravinées d’un manteau forestier continu ». Il rencontre également le botaniste Charles Flahaut, avec qui il choisira les différentes espèces à implanter. Car si l’objectif premier de Georges Fabre est de repeupler l’Aigoual avec ses essences primitives, il devra vite changer ses plans. Flahaut et lui importent alors de nombreux types d’arbres venus des quatre coins du monde.

An final, lorsque Fabre quitte l’administration, la forêt de l’Aigoual couvre quelque 10 000 hectares. Une centaine d’agents de l’ONF ont participé à ce tour de force. Près de deux millions de francs-or de ce temps ont été engagés pour réaliser ces travaux colossaux. Cerise sur le gâteau, Fabre crée l’observatoire météorologique qui domine le Mont Aigoual. Rien d’étonnant à ce qu’il soit considéré comme un véritable héros entre Gard, Lozère et Hérault de même que Jean Boulet, un enfant du pays, parpaillot et fier de l’être, qui, grâce à son entêtement a assuré la survie de la station météo.   

Le milieu forestier, surtout quand il est fait d’un mélange d’essences feuillues et résineuses, abrite maintes espèces animales. On peut observer par exemple, la buse variable, l’autour des palombes, le pigeon ramier ou le rouge-gorge. Certains migrateurs comme le circaète y nichent. La hêtraie est un refuge pour le lièvre, le renard, la martre et le sanglier. On y retrouve aussi des passereaux, des pics épeiches, des pics noirs. Ce couvert forestier a permis le retour d’une grande faune : sangliers, cerfs et chevreuils. Sur le massif du Mont Aigoual on retrouve aussi le cerf élaphe, absent depuis près de deux cents ans, réintroduit par les forestiers dès 1955. En dépit de son altitude modérée de 1567 mètres et de sa situation méridionale à 70 km de la côte du Languedoc, l’ Aigoual reste la montagne des vents, du brouillard, de la neige et des pluies ; les précipitations violentes venues de la Méditerranée font naître des torrents qui entaillent la pente.

La France a su enrayer la déforestation avec la mise en place d’une gestion efficace des forêts. Elle possède aujourd’hui une surface boisée représentant 28 % du territoire, soit l’équivalent de celle du Moyen-Age. La forêt n’en reste pas moins encore menacée avec des incendies qui provoquent chaque année la destruction de milliers d’hectares. L’action efficace des propriétaires et des associations permet d’accroître la surface forestière du pays.

Les actions raisonnées menées par les sylviculteurs démontrent une gestion forestière mature. 

                                                                   


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