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Musique Maestro !

                

                                                        MUSIQUE  MAESTRO !

  

 Dis maman, pourquoi c’est une valse ?

Ce petit garçon se pose une question intéressante : comment l’auteur a choisi le rythme, le style de sa chanson. Je vais me servir de mes trente-quatre années de musicien de scène et de mon ressenti de compositeur pour traiter ce sujet et tenter de vous démontrer qu’il aurait été préférable dans certains cas, de choisir un autre style…ou pas !

Lorsque l’on commence à composer, il nous vient « un air en tête », quelque chose qui nous poursuit pendant plusieurs jours. C’est durant cette période qu’un compositeur s’imagine le rythme de la chanson. Il peut changer durant l’élaboration, une fois que l’auteur a posé ses paroles dessus, ou bien que l’arrangeur ait trouvé une orchestration originale et convaincante.

Prenons un premier exemple : J’attendrai. Chanson originale chantée par Rina KETTY année : 1938. C’est un « medium jazz » à l’origine très lent puis cette chanson a souvent été jouée en tango par les orchestre de danse. Repris par Dalida en disco, cette chanson a eu plus de succès lors de sa reprise et dans les soirées « disco » aujourd’hui encore, cette chanson est incontournable. C’est l’arrangeur qui dans ce cas a trouvé le bon tempo, le bon style en tenant compte de l’interprète, et qui, surtout, a respecté la chanson originale.

Une autre réussite : La foule. Tout le monde connait la valse célèbre chantée par Edith PIAF. Reprise des GIPSY KINGS, changement de tempo, traduction en espagnol avec quelque modifications de texte pour avoir le bon nombre de syllabes et le tour est joué. Nous, les musiciens sommes assez unanimes : cette chanson est Espagnole…dans sa conception. L’auteur a probablement été influencé durant  sa composition mais, le style « Gipsy » n’était pas à la mode en ce temps-là. C’est un paramètre important d’une composition : l’époque.  Par contre sur une version techno vociférée par on ne sait plus qui tellement ce fut une catastrophe…On se demande pourquoi ? C’est très simple : le public est impitoyable et heureusement. Sinon nous aurions droit à des hérésies de marketing musical tous les jours….Merci public !

La javanaise de Gainsbourg vient bien des îles…Mais pas vraiment l’île de « java ». Nous sommes plusieurs à l’interpréter en…salsa !!! Et oui, cette chanson créée dans le style mélancolique sur une mélodie envoutante, se révèle très efficace en salsa…La preuve : Richard BONA. Sublime !

Puisque nous parlons des îles, il y a aussi des interprètes, qui reprennent tout un répertoire d’un auteur, parfois avec justesse d’ailleurs. Exemple Georges BRASSENS a été repris en créole par Sam ALPHA.

Il y a une réussite totale : Ne me quitte pas de Jacques BREL repris par Yuri BUENAVENTURA

L’orchestration en Boléro-salsa est vraiment dans le style et a redonné une deuxième vie à cette merveille en ne portant pas atteinte à la « sainte version originale ». Tout le monde vient danser dessus instantanément…

Passons maintenant à quelque chose d’amusant : les similitudes involontaires…

Par hasard, il  arrive qu’une chanson corresponde à une autre de par sa ligne harmonique ou bien de par ses paroles et leur nombre de pieds. Un exemple au quel vous pouvez vous amuser :

La Marseillaise correspond à la valse musette Le Dénicheur. Prenons les paroles de la première :

Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé = 16 pieds. Puis la deuxième :

On l’appelait le dénicheur, il était rusé comme une fouine = 16 pieds. La raison est que l’auteur a créé des phrases de 8 syllabes dans les deux cas. Et cela fonctionne très loin dans les deux chansons….Exemple de similitude musicale : le tango « sur le chemin de ta maison » a la même structure musicale au refrain que le générique du feuilleton Arsène Lupin. C’est donc un gag que certains musiciens font lors de soirées dansantes…

De nos jours beaucoup de « reprises » se font en mode « commercial » en conservant le style original mais en changeant les interprètes, les musiciens, la technique de mixage. Ce n’est pas souvent une réussite mais les chansons de Jacques BREL (ne me quitte pas), de Charles AZNAVOUR (sur ma vie) ou d’Edith PIAF (L’hymne à l’amour) reprises par un Johnny Hallyday en fin de concert prouvent qu’avec une voix exceptionnelle et un bon pianiste la chose est possible.

Le classique est concerné également de par sa structure quatre temps très fréquente. Ainsi BACH a été repris en rap (si-si, si c’est bien fait ça fonctionne), BEETHOVEN par des groupes de rock. Nous interprétons de temps en temps la marche turque en « fox ». C’est à peu près le rythme qui aurait été appliqué à cette œuvre si, elle avait été créée dans les années 30 et pas par un musicien classique. De grands chefs d’orchestre comme Paul MAURIAT ont également détourné très agréablement des morceaux très connus. 

Voilà, la musique c’est très simple, le compositeur, l’arrangeur, le musicien doivent se laisser porter par les notes. Le talent fera le reste (s’il y en a bien sûr). Une chanson est faite pour être partagée entre tous. C’est donc une chaine de solidarité musicale : compositeur, auteur, arrangeur, ingénieur du son, interprète et aussi les auditeurs qui fera que ce sera un succès, ou pas…

La maman répond à son petit garçon : c’est une valse parce que cette chanson nous invite à danser, tourner, tourner, tourner encore…jusqu’à  provoquer une bourrasque…

Bourrasque : valse musette virtuose de Michel PEGURI (début 20e)

                                                                                                                                    JOSE PIERRY

 


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