LIVRES :
« LA PENSEE DE DIEU »
De Igor et Grichka Bogdanov
« Rien n’ a été créé par hasard »
Trois grandes théories cohabitent pour expliquer l’existence de notre univers ; depuis des siècles les scientifiques veulent percer les mystères de l’univers d’une manière rationnelle. Les explications théologiques peuvent être considérées comme fondées sur des mythes originels que les croyants perpétuent et c’est la raison pour laquelle elles ne sont pas retenues dans le cadre d’une recherche « ex abrupto » , à partir de faits observables.
1) La théorie du « hasard cosmique » :
Elle considère que l’existence de l’univers et tout ce qu’il contient, dont la nôtre, n’est due qu’à un fabuleux hasard dans lequel des enchaînements de circonstances improbables ont fait apparaître les choses, dont l’espèce humaine. Ce monde serait donc « absurde » ( Jean-Paul Sartre ) , sans queue ni tête, ce qui est difficile à admettre, même et surtout par les scientifiques dont la vocation est de chercher et d’identifier les causes de toutes choses et leur origine.
2) La théorie des univers parallèles :
Cette théorie est en vogue à l’heure actuelle. Elle part du principe qu’il existe de nombreux univers parallèles à côté du nôtre. Nous considérons le nôtre comme le centre ( anthropocentrisme ) ce qui est bien normal mais il est un parmi d’autres. Il serait la seule version réussie d’une multitude d’autres ensembles chaotiques parce que sans règle. Cette hypothèse est totalement invérifiable et hautement contestable selon certains : puisque la matière est régie par des lois physiques et mathématiques qu’on ne peut modifier ( lois fondamentales ) , il est difficile d’imaginer des univers qui ne respecteraient pas ces règles.
3 ) La théorie de l’univers ordonné :
C’est la théorie défendue par les frères Bogdanov. L’idée d’un univers ordonné suppose l’existence d’un code sous-jacent comparable au code génétique de l’homme. Ce code expliquerait toutes les lois physiques, cohérentes entre elles, qui structurent notre macrocosme ( univers) . La vie y serait donc programmée, comme la conséquence obligée d’un scénario écrit de manière très précise dès la naissance de notre univers et certainement avant.
Après le best-seller « Le visage de Dieu » en 2010 les frères Bogdanov nous gratifient d’un nouvel opus : « La pensée de Dieu » ( Grasset ) . C’est encore un essai scientifique dont les lignes forces devraient agiter la communauté des chercheurs et susciter de nombreux débats. Il pose résolument la grande question récurrente : « qui peut bien être à l’origine des lois de la nature qui régissent l’univers ? » Pour les auteurs la réponse est tout naturellement : « la pensée de Dieu » selon la formule lancée par Einstein en 1920.
-Le premier ouvrage « Le visage de Dieu » part d’une image satellite de 1992 montrant à quoi ressemblait l’univers trois cent quatre vingt mille ans après le Big-bang. Par l’étude de cette explosion d’énergie, le Big-bang, qui donne naissance à l’univers il y a 13,7 milliards d’années, on découvre qu’il existe des règles précises, lois universelles et immuables qui régissent cette énergie. Si l’on change un tant soit peu ces règles l’univers ne peut exister. Le deuxième ouvrage « La pensée de Dieu » cherche à donner un sens à ces lois et présuppose qu’elles existaient avant le Big-bang. Ce sont des règles d’essence mathématiques que l’on retrouve de la plus petite cellule à tout l’univers. Il est maintenant démontré qu’il existe une information préexistante sous-tendant la matière, d’origine mathématique. Ces règles sont extrêmement précises et se tiennent, s’imbriquent entre elles pour soutenir l’univers. Voilà pourquoi on ne peut si peu que ce soit en modifier une seule sans compromettre l’ensemble. Cette précision d’horlogerie fait dire que l’univers n’est pas né par hasard ; ces théories sont vérifiables : la physique mathématique se fraye des voies nouvelles dans l’infiniment petit, l’atome, et dans l’infiniment grand, le domaine des galaxies. A travers leurs travaux à l’université des sciences appliquées de Belgrade les frères Bogdanov proposent une interprétation de ce qui a pu se passer avant le Big-bang : et là on change de domaine car ces questions ouvrent sur la métaphysique.
-Métaphysique : du grec meta ta phusika : « après la physique ». n.f. Science de l’être en tant qu’être, recherche et étude des premiers principes et des causes premières, connaissances rationnelles des réalités transcendantes et des choses en elles-mêmes.
Ils cherchent à comprendre pourquoi le Big-bang s’est soudain déclenché dans le vide primordial. Ils nous placent dans un questionnement sur le « pourquoi » alors que la communauté scientifique est par tradition obnubilée par le « comment » soit l’explicitation de l’observable. Cela donne lieu à des débats parfois agités mais toujours stimulants pour des progrès de compréhension individuels et collectifs.
Des avancées majeures en vue :
Des évènements prochains, d’ici à quelques mois, pourraient confirmer la théorie d’un univers ordonné.
Il y a d’abord le satellite Planck qui, dès 2013 , doit nous rapporter des images de moments qui ont immédiatement suivi le Big-bang. Il y a aussi l’accélérateur de particules L H C qui doit amener plus de lumière sur la découverte de la « particule-Dieu », ceci étant censé amender considérablement ce que nous savons sur la naissance de la matière.
Ce n’est pas du « créationnisme »:
Les frères Bogdanov refusent que leurs conceptions soient assimilées à du créationnisme car ce dernier nie le hasard et prescrit l’idée d’un univers figé pour l’éternité. Cette vision des choses refuse de considérer que la vie dans l’univers et sur Terre est en évolution constante et que le hasard y a sa part. Pour les Bogdanov Dieu existe mais selon une définition moderne qui n’est pas celle de la révélation ( la Bible ) : c’est le Dieu de Spinoza et d’Einstein, c'est-à-dire la cause à l’origine des causes. Alea jacta est ! ( Le sort en est jeté ! )
PACO DE ALBENIZ
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