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LE GANG DES SARIS ROSES

 Ouverture sur le monde      

                                                    « le gang des saris roses »

 

Pas facile de se faire entendre lorsqu’on est une femme en Inde. Encore moins lorsqu’on est en bas de l’échelle sociale. Depuis son enfance pauvre à Chitrakoot, un petit village du district de Banda, en Uttar Pradesh (nord), Sampat Pal n’a pourtant jamais hésité à élever la voix. « Je ne demande jamais rien qui soit injustifié. C’est ça ma force » , explique-t elle. Très vite, elle a compris qu’il allait falloir « crier plus fort que les autres pour se faire entendre. »    

Sampat Pal est à l’origine de la formation du «  Pink Gang », le gang des femmes en rose. Ce sont des justicières en saris rose, décidées à extirper la corruption des forces de police et à appliquer la justice aux coupables de violence domestique ou d’abus sexuel. Elles comptent dans leurs rangs plusieurs centaines de militantes. Elles sont armées de lathis– les bâtons traditionnels –qui leur servent à battre les hommes qui ont abusé de leurs épouses ou les ont abandonnées et aussi à « tabasser » les policiers qui ont refusé d’enregistrer des plaintes pour viol.

Les femmes sont les premières victimes de la pauvreté et de la discrimination dans une société féodale dominée par les hommes et soumise aux castes supérieures. Presque toutes les Pink justicières vivent dans des huttes de boue et de brique, sans eau courante, sans électricité et survivent avec moins de un euro par jour. Sampat, mère de cinq enfants, mariée à neuf ans tient tête et déclare : « nous ne sommes pas contre les hommes. Nous sommes pour l’égalité des droits pour tout le monde et contre ceux qui la refusent… Les hommes ici ont l’habitude de croire que les lois ne s’appliquent pas à eux, mais nous faisons le forcing pour que ça change. »

Très fière de son travail, elle ajoute : «  Nous avons empêché que des femmes soient violées et nous avons envoyé des filles à l’école. La violence contre les femmes et le viol sont très communs ici, aussi nous essayons de les éduquer pour qu’elles connaissent leurs droits. Dans les cas de violence domestique, nous allons parler au mari pour lui expliquer qu’il a tort. S’il refuse d’écouter, nous faisons sortir la femme et alors nous le battons. Au besoin nous le battons en public pour l’embarrasser. » 

L’année dernière, après avoir reçu des plaintes parce qu’un magasin d’état ne donnait pas la nourriture qu’il était sensé distribuer gratuitement aux pauvres, le gang a commencé à surveiller le propriétaire et son fils. Une nuit, on a vu deux camions chargés de grain sur le chemin du marché où le propriétaire du magasin prévoyait de le vendre. Le Pink Gang a fait pression sur l’administration locale pour qu’elle saisisse le grain et s’assure ainsi qu’il soit correctement distribué.

Ainsi, le Pink Gang s’en prend aussi bien aux maris qui brutalisent leurs femmes qu’aux fonctionnaires qui s’enrichissent en vendant au marché noir des céréales subventionnées par l’Etat et normalement destinées aux plus pauvres. Alors que les ressources naturelles du district pourraient normalement assurer des moyens de subsistance à tous les habitants, elles sont pillées par un petit nombre d’entre eux en toute impunité, les autorités locales fermant les yeux sur ces agissements.

Le gang des saris roses compte aujourd’hui près de 60 000 femmes dans ses rangs selon les dires de son chef. Cette montée en puissance du gang de Sampat Pal suscite un sentiment d’admiration et d’inquiétude chez les politiciens locaux. « Les ministres paniquent car je réalise des choses qu’ils n’ont jamais été capables de faire. Ils ont honte. »  dit-elle ouvertement. Elle tient farouchement à son indépendance et affirme n’avoir aucune confiance dans les partis politiques qu’elle a toujours refusé de rallier malgré quelques offres alléchantes.

Sampat Pal ne compte que sur ses fidèles et sur elle-même.

Son autobiographie parait sous le titre : «  Moi, Sampat Pal : chef de gang en sari rose » aux Editions Oh !                                                                    

                                                                                                                                                                                                                                                                    rapporté par Paul Bée

 


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